Note du test 9/10En conclusion :

Éclatant, Blasphemous est un joyau prêt à nous brûler de l’intérieur dont la splendeur fascine. Tenant la dragée haute à la dernière production de Igarashi, le jeu se permet même de le surpasser en raison d’une souveraineté sur quasiment tous ses aspects. Autoritaire et suprémaciste, Blasphemous s’extirpe du fléau commun pour s’élever vers des cieux rarement contemplés. Sans contestation possible, le soft est le metroidvania à posséder en cette fin d’année 2019 et un must have de cette génération qui nous émerveille en nous surprenant de plus en plus. Clashant le médisant qui ose encore évoquer “les petites productions” TheGameKitchen fait appel à nos sens avec brio jusqu’à nous repousser dans nos limites et le pire, c’est que nous aimons ça. Sans nous maltraiter, la création se révèle tel un maître sadique qui sait nuancer la souffrance pour qu’elle en devienne un plaisir. Que notre respect soit avec vous.

Les plus

Mémorable
Une ambiance inégalable
Une OST surprenante
Un gameplay équilibré
Un bestiaire extraordinaire
Des boss du même acabit
Superbement glauque

Les moins

Quelques plateformes pénibles
Peu de fast-travels
Rebutant pour une partie des gamers

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Blasphemous
    Editeur : Team 17
    Genre : Action | RPG
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 10 Septembre 2019
    Trophées : Oui
    Prix de lancement : 24,99 €
    Support


    version éditeur

    Test Blasphemous

    Publié le Jeudi 03 Octobre 2019 à 20:53 par NoBloodyKnows
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    Team 17 fait écho à tant de choses pour beaucoup d’entre nous. Avant tout, impossible de ne pas penser à ces joutes de lombrics totalement fracassés et détenteurs d’un arsenal conséquent pour démolir l’équipe d’en face. De grands moments en perspective mais ce n’est pas en tant que studio développeur que nous retrouvons la société: aujourd’hui, ce sera dans le rôle d’éditeur. Après nous avoir surpris en publiant l’étrange et captivant Genesis Alpha One, testé en ces lieux par vos humbles serviteurs, l’équipe remet le couvert en faisant confiance aux Espagnols de TheGameKitchen. Si ce nom ne vous dit rien, le Point’N’Click horrifique The Last Door sera en mesure de vous éclairer. Aucun des 2 partenaires ne tentent cependant d’introduire un nouveau concept puisque Blasphemous s’aventure sur le terrain du Metroidvania (ou Castletroid si vous voulez faire preuve d’un raffinement anodin lors d’un dîner aux chandelles). Oui, ce genre est bien représenté dans le milieu indie et pour couronner d’épines le tout, la gestation passa par Kickstarter, le Harvey Dent du loisir vidéoludique. Et la bannière est hissée depuis l’annonce: ce sera difficile, brutal et imbibé de religiosité. Pas de chamboulement dans le milieu, juste un OVNI qui mérite, en plus de votre attention, votre jugement.

     

    Clerc obscur


    S’il n’y a aucun doute à avoir, c’est bien celui-ci: l’aspect dérangeant de la précédente production des créateurs est omniprésent. La religion est ici dépeinte comme une décadence du siècle d’or de l’Espagne par le biais de décors faisant penser à des tableaux rappelant Le Greco ou encore Goya (dans une mythologie différente pour ce dernier). Cela saigne et souffre de partout et le parti-pris est clair: il s’agit de montrer un seul aspect de la croyance, à savoir le Châtiment. Et la douleur engendrée par celui-ci: mini-bûchers, prisons corporelles, fouets de flagellation, cris d’agonie...rien ne nous sera épargné par une direction artistique à l’accent très corrosif et ferme quant à ses positions. Si vous en doutez, attendez de voir le visage de Notre-Dame, en essayant néanmoins de ne pas établir un parallèle dangereux et factice avec l’actualité de nos contrées.

    Choisir cette icône de la croyance est en ce sens expliqué par le scénario dont certains reprocheront la lourdeur du mysticisme et du suggestif cryptique. L’écriture est telle quelle: pesante, volontairement opaque et particulièrement riche. Encore une fois, c’est ce côté Souls qui se dégage (nous savons que nous nous répétons sur ce point!) et les phrases venant de nulle part d’un PNJ difforme au doublage surjoué et génial à la fois sont légions. Cela devient un standard et “on aime ou on aime pas”. Le verset fonctionne toujours sur nous, voiles de subjectivité sorties.

    Ce qui passera moins en outre est cette narration liée aux objets, toujours issue des épisodes de FromSoftware, où la description a pour but d’enrichir le lore. L’effort est louable en dépit d’un nombre ahurissant d’éléments de l’univers à ingurgiter qui en laissera plus d’un sur le bas-côté. C’est une décision à accepter, tout comme le langage spirituel qui hantera les lieux jusqu’à l’excès parfois.

    Et pourquoi donc mêler uniquement violence et église sans se préoccuper des autres allures? Encore une fois par volonté non pas de condamner l’apparente piété mais bien plus de s’en servir pour afficher une esthétique qui sert un propos tout autre en instaurant une atmosphère de malaise balèze et diablement efficace. Pour trouver aussi barré avec une touche dissemblable, il nous faut remonter jusqu’à El Shaddai: Ascension of the Metatron.

    L’équivalence d’un vieux testament oserions-nous dire.

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    Des arrière-plans magnifiques et dans le ton!

    L’Extrême Ponction


    Et sans aucun artifice, il est clair que Blasphemous prétend au trône des Grands du Pixel Art: c’est un délice visuel. Une palette de couleurs maniant l’oxymore, les derniers plans voués à être les premiers, les animations de l’au-delà. Splendides, celles-ci sont toutes annonciatrices des patterns de vos adversaires dans une fluidité totale, sans saccade, sans mouvement parasite. La marque du Juste.

    Votre avatar, le Pénitent, en est l’Apôtre, défiant le Judas de jacasserie. Et, Alleluia chers frères et soeurs, son mutisme est habilement éclairé par un voeu qui représente son chemin intérieur. Point de faciès si ce n’est le vôtre, dissimulé par un masque froid et si expressif à la fois. Nonobstant des cinématiques peu animées et franchement cheap, le catéchisme sera conté in-game en discutant d’autres maudits qui peuvent vous confier des quêtes et qui subissent leur pénitence. En l’acceptant avec conviction. Amen.

    On ne se trompera pas non plus en jubilant de manière perverse des mises en scène de boss ou autres événements importants dégueulant de calvaire. Mais n’oublions pas que la torture n’est pas un stigmate du voyeurisme, juste une résurrection du profond de notre âme. Encore fallait-il que les disciples soient disciplinés. Et Carlos Viola, séminariste passé au rang de diacre de la musique indé, nous fait l’honneur de proposer une OST en décalage total, dont l’hétérogénéité atteint l’Osmose. On passe de la gratte sèche aux envolées héroïques sans avoir eu le temps de saisir l’instant. L’ensemble est soutenu par un sound-design incroyable et, cela est assez rare pour le souligner, un mixage exquis prêt à détrôner ces phacochères de divinités en mousse. Quelle claque!

    Enfin, le bestiaire...ou plutôt LE bestiaire. Au-delà des mécaniques de jeu que nous allons vous exposer dans notre prochain vers, il est important de préciser que ce dernier est colossal et en adéquation avec le thème. Vous verrez énormément de rédemptions pleines d'ecchymoses et de cicatrices. Et occire l’ennemi ne vous donnera en aucun cas la sensation de le libérer.

    Nous savions que le Divin sait se montrer intraitable. Seule sa détermination nous surprend éternellement.
     

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    Vif et nerveux.

    Misérable Iblis


    S’il fallait définir le gameplay en un seul mot, il n’y aurait pas besoin d’aller vers des voies impénétrables: “classique”, tel est le fondement de Blasphemous. Dash, frappe, saut...la meilleure idée vient du fait que vous n’avez aucune possibilité de vous mettre en garde. En revanche, vous disposez d’une parade meurtrière si le timing est une corde de votre arc. Il va falloir le trouver cet énergumène tant il est changeant selon l’adversaire qui vous barre le chemin. Mais si par bonheur vous réussissez, alors frappez habilement pour avoir le droit à un finish dont la viscéralité déçoit un peu. Nous sommes probablement des êtres malsains, et nous aurions aimé que cela gicle et hurle un peu plus. C’est comme ça…

    Oui, vous allez mourir. Plus fort encore: si le Christ a réussi une fois, vous vous échapperez des enfers de manière illimitée. Nous vous avons saoulé avec les feux des Souls à combien de reprises? Ici, on appelle cela un “Prie-Dieu”, point de respawn pour récupérer vos PV, remplir vos fioles de soin ou vous réfugier en cas de mort. Cependant, n’oublions pas que nous sommes bien plus proches d’un Symphony of the Night que d’un Salt and Sanctuary. Pas de barre d’endurance, mais un recovery à appréhender pour éviter les tartasses de daron. Avec le lot de codes inhérents au genre: pièges vicieux, comme cette saleté de flotte qui nous ralentit alors que les antagonistes veulent notre trépas. Rien de bien original à l’horizon mais d’une précision chirurgicale.

    2 jauges seront à surveiller: votre vie et votre ferveur, segmentée pour que vous puissiez utiliser des attaques magiques dévastatrices et salvatrices bien pratiques pour vous sortir d’une situation mal embarquée. A chérir, cette barre sera tronquée si vous mourrez. A l’inverse de DS, si vous trépassez ce n’est pas votre XP que vous perdez mais votre capacité à user de la magie. Rassurez-vous: si vous êtes en mesure de vous rendre sur le lieu de votre décès, vous mettez fin au malus et vous gagnerez à nouveau des larmes d’expiation (la monnaie du jeu) sans être péjoré. Simple et efficace sachant de surcroît que tout est indiqué sur la carte. Et il y a aussi une autre méthode pour récupérer l’intégralité de ladite barre, mais depuis quand serions-nous devenus de vilains adeptes du spoil?

    La fameuse carte est d’une taille imposante et se repérer est un vrai défi. Les fast-travels sont peu nombreux et faire des allers-retours sera votre pain quotidien. C’est fastidieux certes, surtout lorsque vous avez repéré une pièce et que vous n’avez pas la compétence nécessaire pour la fouiller comme il se doit. De plus vous ne pourrez pas faire d’annotations. Alors préparez vos méninges et usez de votre mémoire.

    En tant que vieux briscards, cela ne nous a pas gêné outre mesure. Mais il faut être à l’écoute d’éventuelles réticences.

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    Des inspirations multiples. Pour un malaise constant.

    L’abbé de somme


    Chaque adversaire a une faiblesse et une méthode pour être défait. Nous l’avons dit, et nous le répétons: les anim’ sont suffisamment calibrées et claires pour que vous ayez le temps de voir venir l’attaque. Si vous prenez un coup, ce sera de votre fait. C’est impitoyable et cela ne pardonne pas mais c’est le genre qui veut ça. On ne saura pas en dire autant des phases de plateformes où quelques problèmes de hitboxes pointent le bout leur de museau: voir notre avatar se vautrer en passant au travers d’un palier car nous ne sommes pas sur le pixel prévu, cela fait enrager en nous renvoyant vers des temps ancestraux.

    Rien de bien méchant et on ne boira pas le calice jusqu’à la lie tellement l’ensemble est cohérent et agréable. A titre d’exemple, vous ne choisissez pas de glisser ou de parer par goût mais par nécessité car vous aurez appris. Un charme “à l’ancienne” qui change des productions pétées au vin de messe en se permettant à l’occasion de jouer à votre place!

    Oui vous allez vous paumer, oui vous allez vous énerver et oui vous allez râler contre quelques boss bien cheatés ( et on l’a insultée, la mère du dernier!) mais ce sera votre façon de progresser. Comptez aussi sur votre skill et sur la maîtrise de votre épée, bien nommée Mea Culpa, car aucun autre équipement ne sera disponible.

    Blasphemous ne s’embarasse pas vraiment d’éléments RPG pour se concentrer sur son level-design plein de secrets à découvrir. Et la vingtaine d’heures est nécessaire pour atteindre le 100%. Atteints de collectionnite, levez-vous! Sachez également que pour renforcer votre personnage il est obligatoire de se rendre face à des autels ou statues bien précises, sans possibilité de passer par un hub. C’est une directive du jeu, qu’elle plaise ou non mais le gamer averti n’en aura cure en s’adaptant aux exigences. Surtout qu’en plus des habituels gains de vie ou de protection, vous pouvez augmenter votre éventail de mouvements, comme effectuer des attaques en piqué ou une allonge de combo. Mieux, votre fenêtre de parade peut être assouplie, ce qui est absolument vital en fin de run, et vos magies peuvent être modifiées. Et ne pas passer à côté de ces éléments est capital tant le soft se durcit de manière abrupte dans sa seconde moitié.

    Histoire de vous montrer que la foi ne peut rien contre l’art de la guerre.

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    Histoire de visualiser!

     

     

     




    Test Blasphemous - 8 minutes de lecture