Tests : TEST Carrion sur Xbox
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En attendant une possible sortie sur PS4 de Carrion, nous vous proposons notre test que l'éditeur nous a fourni sur Xbox. Une petite mise en bouche quant à l'évolution du site dans les prochains mois. Bon test.

Posté le Lundi 10 Août 2020 à 21:23 par NoBloodyKnows

Test Carrion Xbox

version éditeur

Plateforme : Xbox - Nintendo Switch - PC

Test Carrion

 

Le 11 juillet de l’an de poisse 2020 fut un jour béni pour ceux qui, comme nous, attendent les annonces de Devolver. Un éditeur misant sur les produits conçus pour des gens un peu fous, donc cela nous correspond bien. Sachant qu’un mot devait être évoqué sur Carrion : oui, quelque chose a survécu ! Et puis la douche froide. Non pas au sujet de la présentation du titre, bien au contraire, mais face à l’absence de la mention “PS4” sur l’étiquette. Oubli dommageable nous disions-nous ! Fatale erreur emportant les doux naïfs que nous sommes. Las, le duo du NBK prit acte de l’absence, momentanée pensons-nous, de la nouvelle oeuvre de Phobia Game Studio. Oui si vous y pensiez : il s’agit des trublions venus de Pologne pour nous enchanter avec l’action ensanglantée de Butcher, leur précédente production. Cependant, ne nous arrêtons pas avec un discours teinté de défaite. S’il est bien trop tôt pour vous dévoiler nos plans (ce qui arrivera prochainement !), vous observerez une évolution prochaine du site. En ce sens, impossible que nous restions les bras croisés, à attendre une perspective enchanteresse afin d’effleurer Carrion. En outre, nous ne parlons pas d’annulation du projet sur la console de Sony. Alors peut-être est-ce dû à la chaleur estivale ou encore à une euphorie des plus exquises : il fallait que nous vous présentions la création. Là. Tout de suite. Maintenant ! C’est donc en cela que nous nous sommes penchés vers la version Xbox One qui accueille dans ses entrailles l’indé fêlé du moment. Et les mots sont faibles car si vous voulez parler de chair, boyaux et hémoglobine, vous êtes au bon endroit. Prenez garde cependant ! Nous n’évoquons pas la violence simple voire simpliste. Ici tout est calculé et finalement plus empreint de malaise. Pour notre plus grand plaisir un poil pervers ? Un peu… pourtant, l’affaire est bien plus complexe.

 

Beau comme un Carrion ?


Si vous avez suivi ne serait-ce qu’un bout de l’actualité de la frivolité monstrueuse, alors vous l’aurez remarqué. Oui, le fabuleux The Thing du non moins grandiose John Carpenter transpire, et même dégouline, dans l’ADN de Carrion. Donc si vous n’avez jamais pu approcher ce monument du 7ème art, arrêtez tout ! Quittez ce test, visionnez le métrage et revenez nous en pleine forme, histoire de finir ce moment ensemble. Néanmoins attention ! Nous parlons bien du film original, pas de la préquelle de 2011 un peu délavée. Pas atroce, mais sans délice.

Évidemment, les références plurielles peuvent pleuvoir, comme Horribilis qui trouve ici parfaitement sa place. Point de volonté de faire un catalogue outrancier ! Carrion est un concept étrange mêlant le Metroidvania à l’horreur. En inversant les rôles puisque la bestiole qui fait flipper tout le monde en faisant du boucan dans les tuyaux, c’est bien vous. Un aspect osé et original qui force le respect tout en faisant craindre un effondrement sur le long terme.

Par bonheur, ceci est loin d’être le cas en dépit de quelques ombres au tableau qui ne gâchent pas la qualité de l’ensemble. S’il fallait finalement résumer le soft, nous sortirions le joker. “A la Devolver” répondrions nous, avant qu’une foule en colère ne jure que par notre pendaison. Pourtant, ce qualificatif est bien celui qui sied le mieux à Carrion, tant un bon nombre de codes semblent familiers. Malgré une étrangeté de tout instant !

En clair, attendez vous à du pixel art avec énormément de tableaux cradingues, de ceux qui arrivent quand même à vous écoeurer. Comme quoi, de nos jours, nul besoin d’un photoréalisme toujours plus soigné pour exprimer les choses. Ici, tout est une question d’équilibrage et dans les grandes lignes, le jeu fait très fort.

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C'est aussi crade que classe !

Carrion Ice


En tout état de cause, cela ne passe pas par un scénario très élaboré. Celui-ci est minimaliste et aucune ligne de dialogue n’est à signaler. Tout passe par l’environnement et par l’utilisation de flash-back, peu nombreux et assez mal disséminés, pour vous présenter le contexte, en plus des messages d’alerte de chaque zone. Cependant, tout est une question d’ambiance et sa retranscription est fantastique. Pour le synopsis, vous être une monstruosité bien déterminée à vous échapper d’un labo étrange. Et… c’est à peu près tout.

Bien sûr, quelques significations feront appel à votre imagination mais rien n’est vraiment exposé. Une nouvelle fois : là n’est pas l’intérêt principal. Tout est question de symbiose entre chaque élément et il est indéniable que Carrion est le résultat d’une alchimie si bien dosée qu’elle transcende l’évidence.

Les couleurs sont particulièrement bien choisies. Certes, l’ensemble des stages ont une fâcheuse tendance à user de la réitération. Néanmoins, le mélange entre l’aspect froid et les couleurs criardes étonnent par une pertinence si fidèle aux productions de l’éditeur. L’hémoglobine subjugue l’ensemble, instaurant un climat aussi poisseux que fascinant. Cela passe par un travail sur les personnages : là où les hommes qui vous barrent la route sont volontairement sommaires, la bête que vous incarnez est juste splendide, mix entre tentacules, dents lacérées et omniprésence lors de la propagation.

Et le reste s’amourache parfaitement de ce constat ! Le sound-design est exceptionnel, juste et sans superflu. L’OST se montre aussi percutante que jubilatoire que ce soit dans ses phases discrètes ou ses petites envolées malignes. Les bruits qui émanent du monstre sont formidables et dérangeants, toujours habiles (ah, ces déplacements !) et les cris des homo sapiens, parfois redondants, assurent une atmosphère de terreur. Mais cette fois, ce n’est pas à vous d’avoir peur !

Tout cela contribue à une jouissance malsaine, où même le son du déchiquetage vous arrachera un rictus vicieux...

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Quelques retours en arrière pour poser (un peu) le contexte.

Carrion cas


Une homogénéité de l’excellence que nous retrouvons dans le gameplay. Première chose qui saute aux yeux : tout est indécemment fluide et les animations de l’abomination sont affreusement radieuses. Un véritable tour de force qui rend le pixel crédible, en adéquation avec le thème. Wouah ! Quelle puissance emblématique !

Et si certaines gestuelles humaines semblent peu détaillées, certains effets en mettent plein le cornet, à l’instar des flammes, des trajectoires des unités robotiques ou des chopes de l’adversaire, dont vous ferez ce que vous voudrez une fois ceux-ci emprisonnés dans vos pattes dégueulasses.

En effet, Carrion vous met face à plusieurs types de situations qui, il est vrai, se répètent inlassablement au fil de votre progression. Si vous êtes une puissante entité, vous n’êtes cependant pas invincible et l’approche discrète reste la meilleure des tactiques. Surtout que si certains mobs sont “gratuits”, comprendre par là qu’ils se contentent de s’enfuir à votre vue, d’autres sont munis d’armes à feu qui peuvent faire très mal ! D’autant plus que l’attirail adverse ne cesse de s’étoffer, vous mettant face à des boucliers qui empêchent toute attaque frontale, lance-flammes qui feront hurler la bestiole qui continue de brûler ou des unités mécaniques bien agiles, vous demandant de bien réfléchir à votre approche et à votre gestion de l’espace.

Et c’est ici que nous touchons le génie du jeu : tout est d’une précision étonnante ! En mode Twin-Stick, le titre vous permet de vous déplacer et de vous accrocher à toute paroi. Vertical ou horizontal, aucun axe n’est inatteignable. Attraper un malheureux antagoniste pour ensuite le balancer ou le dévorer (enfin...pas tous mais vous comprendrez assez vite), histoire de reprendre de la vie est si aisé que cela en devient automatique.

Ainsi, le temps d’adaptation est très court en raison d’une ergonomie efficiente et la difficulté est progressive. Surprise pour les aficionados de Devolver : celle-ci reste très mesurée et si vous sauvegardez souvent via des slots infâmes, votre progression ne sera pas trop chaotique. On comptera bien quelques échecs à cause de quelques errances d’appréciation, mais rien de rédhibitoire tant le respawn est généreux.

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Il est possible d'être rapidement puni en cas d'approche trop directe !

Carrion l’utile à l’agréable


Cela est aussi le reflet d’une IA pas vraiment douée qui est capable de vous repérer en fonction de votre boucan, mais qui reste figée. Sans parler de la tendance à vous oublier rapidement sans se soucier du carnage des alentours. Cela ne peut, conformément à la typologie singulière de l’épopée, constituer une lourde tare ; ne pas l’évoquer en revanche serait un oubli désinvolte.

Cela dit, les affrontements ne sont pas le point névralgique de Carrion. Comme évoqué plus tôt, la production est un Metroidvania qui aime les énigmes. Jamais trop corsées, celles-ci demandent un minimum de réflexion. Se creuser les méninges ne sera pas pour autant une torture car la logique est respectée, quand bien même aucune carte n’est à notre disposition.

Si cela semble bien plus immersif au regard du “héros” dont vous êtes le manipulateur, les risques de se perdre pourraient constituer une crainte légitime. Que nenni ! Les chemins sont suffisamment fermés, voire balisés à l’occasion, pour ne pas naviguer à vue. Et une astuce sera là pour vous guider, par le biais des braillements de la créature qui aident à s’orienter. Si parfois vous passerez quelques temps sur un casse-tête, la solution viendra d’elle-même puisque la lisibilité est rarement en berne.

Et c’est là l’autre talent de Carrion : la métamorphose. Ainsi, vous disposez de plusieurs formes, du tout petit au poids-lourd. Si cela modifie indéniablement la manière de se mouvoir et d’être furtif, la donne étant bien sûr plus compliquée lorsque nous prenons un grand espace, la taille affecte la liste de pouvoirs disponibles. Toujours bien pensés, ceux-ci sont activables avec une facilité déconcertante et la plupart d’entre eux sont disponibles selon votre morphologie.

De fait, il faudra jongler entre toutes les possibilités mais qu’à cela ne tienne : le titre place intelligemment les lieux pour devenir soit plus volumineux soit plus rachitique, histoire de vous faire comprendre qu’un passage nécessite l’utilisation de la bonne capacité.

Un dogme de dingue qui fait le sel du matériau !

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Vous pourrez devenir énorme ! Et particulièrement répugnant...

 

L’effet Carrion


Forcément, cela implique quelques cassures du rythme, où les temps calmes se transforment en une petite pointe d’agacement lorsqu’on tourne en rond. Point d’affolement, rien n’est jamais bien long, sauf si le joueur ne prend pas le temps d’observer comment déplacer telle ou telle caisse pour avancer. Ou quel levier activer (ou désactiver), sachant que les indices visuels pullulent.

Rien n’est fait pour écoeurer le joueur, toujours prompt à se mesurer au défi qui l’attend, armé de ses capacités. Et pour revenir sur celles-ci, le listing est particulièrement jubilatoire, limite orgasmique parfois ! Vous pourrez ainsi sortir des épines meurtrières, devenir invisible, établir un ersatz de toile d’araignée… entre autres ! Tout ceci moyennant quelques points de “magie” où la colorimétrie est un indice naturel pour comprendre ce qui consomme vos barres.

Sans même parler des pouvoirs “neutres”, utilisables à foison si le joueur fait attention à ses actes. Mention spéciale à la capacité d’assimiler un humain pour remplir de basses besognes, comme shooter ses partenaires, ou pour débloquer des issues. Nous crevons d’envie de vous en dévoiler plus. Néanmoins, pas question de vous gâcher les multiples surprises ! Dans le bon tempo, Carrion s’amuse à vous faire découvrir peu à peu la totalité de son panel tout au long de l’aventure morbide, vous octroyant un sentiment de puissance et d’accomplissement.

Enfin quand nous disons “la totalité”... pas tout à fait. Certaines pièces seront cachées et/ou moins accessibles, vous demandant approfondissement et skill en supplément. Avec quelques bonus en récompense. Point d’affolement ! Si les chambres manquées dans les niveaux sont de la partie, vous aurez l’opportunité en fin de game de tout revisiter, le bilan de vos exploits étant affiché avant la conclusion. Oui, le jeu vous offre la possibilité de complétion avant même de relancer une partie. Si cela peut faire du tort à la rejouabilité, en prenant en compte que Carrion n’est pas bien long (environ 6/7H selon vos blocages), l’initiative est appréciable. La durée de vie ne s’en retrouve pas gonflée par des artifices fallacieux et c’est plutôt une preuve de goût exquis au milieu de tous ces cadavres.

De quoi exulter avant de voir le générique de fin. Se pavaner d’une insolente réussite. Se délecter de la honte d’aimer le déferlement de violence. Vivre tout simplement et… attendez !

Il y a comme un bruit dans les canalisations, non ?

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Un labo où on charcute !

 

Note du test 7.5/10En conclusion :

Une nouvelle fois : une bonne pioche pour Devolver ! Une idée aussi mortelle qu’originale qui marquera les esprits, en se jouant des références sans que cela ne tourne vers l’hommage poussif. Ainsi, Carrion sait faire preuve de caractère et les développeurs ont su accoucher d’une bizarrerie fétide, maîtrisée et fun. Certes, tout n’est pas idyllique dans cette diégèse à l’accent rouge sang. En outre, il va sans dire que l’efficacité est de mise, sans chercher ce surplus de chantilly qui dégoûte du dessert. L’équilibrage est particulièrement malin et chaque détail est à sa place, sans céder aux sirènes de l’excès. Résolument doté d’une aura salvatrice, Carrion vous attire dans les abysses de l’horreur pour mieux vous y ensevelir, drapé de ses plus beaux atouts macabres. Parfaitement assemblés, les éléments se répondent en choeur pour rendre l’expérience aussi jouissive que électrisante, en dépit de quelques sautes d’humeur de la variété. Rien d’aussi méchant que notre capacité à tuer ! Pour sortir de ce trou étrange. Puis parfois par plaisir, comme si le monstre que nous contrôlons représentait la catharsis dont on avions bien besoin. En tout état de cause, malgré un petit regret concernant l’absence de réel récit, le voyage se dévore avec délice grâce à ses divers ingrédients, s’étalant sur une fresque où se côtoient l’urgence et le temps calme, la recherche et la boucherie, la faiblesse et la toute-puissance. Un nouvel atout dans la main de l’éditeur, devenu à ce jour dénicheur de tueurs dont le crime consiste à nous procurer de l’euphorie. Notre respect, Parrain !

 

Les plus

La Direction Artistique grandiose
La fluidité exemplaire
Le gameplay bien pensé
L’évolution aux petits oignons
L’ambiance magistrale
Les transformations pertinentes
La difficulté correctement dosée

Les moins

La redondance de certains niveaux
L’IA pas folichonne
Le scénario peu important
Replay-value peu évidente
Image personnalisée de votre compte
NoBloodyKnows
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