Test Defiance

Avec Defiance, qui a débarqué dans nos salons il y a maintenant une dizaine de jours, c’est un peu « rencontre du troisième type » pour cette curiosité qui mixe déjà les genres entre MMO et TPS et qui (surtout) lie le jeu vidéo à une série télévisée du même nom sur la chaîne câblée SyFy. Bien que ces quelques lignes porteront évidemment sur le média console, on se doit d’évoquer même brièvement cette « transmédia-lité » qui fait toute l’originalité du projet.

J’ai une super idée ! T’as 140 millions de côté ?

Commençons, pour information, à ne pas colporter l’idée (et elle est communément partagée) selon laquelle Defiance serait le premier transmédia du genre. Il n’y a pas non plus pléthore de précédents en la matière, mais la trace d’une idée combinant jeu vidéo et série télé peut être trouvée en 2007, en Suède, avec le projet « La vérité selon Marika ». La société de production avait mixé à l’époque série télé et jeu en ligne sur internet construit autour de la disparition d’une jeune femme. Résultat : un flop mémorable, la série n’ayant pas fait suffisamment d’audience.

Pas le premier donc, mais certainement le plus gros et le plus ambitieux jamais lancé tel que le qualifiait Nathan Richardson, le producteur exécutif du jeu chez Trion Worlds en charge du développement. Une collaboration avec le groupe NBC Universal, à qui appartient SyFy, et d’autres partenaires ont abouti à lancer, après plus de cinq ans de réflexion, le projet Defiance dont le budget global s’élève à pas moins de 140 millions de dollars (coût du jeu et des 12 épisodes de la série TV).

Sinon le système EGO, dont l’utilisation est assez intuitive, fonctionne de manière classique. Dès vos premiers pas dans le jeu, vous choisirez de vous affecter un type de pouvoir (au choix parmi quatre et dont la réutilisation est soumise classiquement à un cooldown), ainsi qu'une arme secondaire et d'autres capacités dont l’évolution est possible grâce à vos actions de jeux qui débloqueront des points EGO. Il vous sera aussi permis d’en forcer le niveau grâce à des mods en vente dans des magasins. L’interface vous servira également d’inventaire lors de votre mission principale ou de vos quêtes annexes.

…mais qui fait pssschhiiitt

Visuellement maintenant. Bien que graphiquement, Defiance puisse être qualifié « d’honorable », il est nettement en dessous de la moyenne en termes d’environnements. On est en plein dans le miroir aux alouettes, alors que ce point devrait être un atout dans ce genre d’univers futuriste. A croire que le principe scénaristique « post-apocalyptique » est une recette miracle dispensant les développeurs de nous offrir une ambiance de jeu variée. Car à part les ruines du Golden Gate qui valent le détour, le reste est d’une décevante banalité et d’une grande répétitivité. C’est d’autant plus frustrant que la taille globale du monde persistant de Defiance est petite. Toute proportion gardée, n’allez pas vous imaginez que c’est une map d’un FPS, mais là encore pour un MMO, c’est loin d’être franchement suffisant.

En plus, pour ne rien arranger à l’affaire, la technique ne suit pas non plus et ce dans la réalisation comme dans le gameplay. Le jeu est littéralement truffé de bugs en tout genre (une horreur lorsqu’il faut se déplacer en véhicule). L’action est souvent ralentit à l’écran, certaines textures peinent à s’afficher, des déconnexions surviennent parfois, etc. A croire que c’est une version bêta qui a été commercialisée. Et manette en mains, on fait difficilement pire. Déjà en termes de variété, on frôle le néant. Seul un type d’arme trouvera grâce à vos yeux alors que le reste chatouillera à peine vos ennemis. Et encore, il faudra lourdement insister pour en venir à bout alors que vous pourrez morde la poussière avec une déconcertante facilité. Un déséquilibre plus qu’agaçant renforcé par de monstrueux problèmes de hitbox. Et pour couronner le tout sans qu’il y ait la possibilité de se mettre véritablement à couvert (seulement accroupi). Qui a dit TPS ?

Pourtant, y’a de l’idée

Espérons qu’une série de mises à jour viennent palier rapidement à tout cela. Car question contenu, c’est plutôt séduisant et quelques bonnes idées se détachent. En dehors de la quête solo sans grande saveur et trop souvent limitée à une succession d'objectifs simples à remplir entrecoupée d'éliminations d’aliens, les parties multi sont basées par exemple sur des affrontements classiques en PvP qui peuvent monter jusqu’à 64 joueurs. Il y a aussi du coopératif qui prend la forme de zones d’affrontements instanciées où il faudra nettoyer bestialement tout ce qui bouge. De nombreuses missions secondaires seront proposées à intervalles réguliers, comme par exemples les retombées d’arches. Tous les joueurs sur le serveur pourront se ruer à un endroit précis de la map pour faire face à des ennemis plus coriaces, avec la promesse d’avoir des loots proportionnels à votre implication pour les terrasser. Pour le coup, ça donne lieu à des affrontements assez dynamiques et sympathiques.

Sinon, des évènements aléatoires et circonstanciés font leur apparition, censés faire le lien entre les deux médias. Mais la série n’ayant pas débutée, on ne peut à ce stade juger de l’interaction de celle-ci sur le jeu et inversement. Théoriquement, cette partie devrait prendre une part plus importante par la suite. C’est d’ailleurs l’un des scénaristes, Trick Dempsey qui,  il y a quelques temps, présentait cette composante atypique de Defiance. On aurait par exemple droit, si une épidémie de peste éclatait dans un épisode TV, à ce qu’il y ait une mise à jour pour qu’elle survienne dans le jeu en ligne. Et dans l’autre sens, les meilleurs joueurs verraient leur nom et leur avatar apparaîtrent dans la série sous la forme d’avis de recherches façon « Wanted ». Une influence réciproque qui se verrait même renforcée si une deuxième saison venait à voir le jour.