Note du test 9/10En conclusion :

Nous étions dans le paradoxe depuis tant de temps, alléchés mais inquiets. Toutefois, les faits sont là et le jugement est sans appel: Media Molecule a brillamment remporté son défi avec un jeu-outil(s) qui s’apparente à un réseau social de créateurs. Festin de possibilités, Dreams porte son nom avec brio, se positionnant en fer de lance du lissage de matériau brut, joyeusement mis à disposition par les développeurs...du moins dans un premier temps! Car s’il est possible de s’amuser en testant les oeuvres des autres, cela change notre vision des choses tellement nous nous prenons au trip de la compréhension des mécaniques, saisissant mieux la logique des scripts, l’importance du gameplay millimétré et des animations léchées. Une véritable lettre d’amour au jeu vidéo qui pourrait créer des vocations en vous montrant le chemin à parcourir pour parvenir à une création qui serait, tout d’abord, tout juste potable. Multipliant la gestion de tous les éléments pour vous faire devenir un architecte de niveaux, Dreams nous rappelle que passion rime avec acharnement pour maîtriser une base de données jusqu’à l’utiliser à la perfection... avant de proposer ses propres sculptures. Nous réitérons: de l’eau aura coulé sous les ponts. Mais le jeu vidéo a aussi connu ses périodes de balbutiements. Et si finalement c’était ça sa véritable existence?

Les plus

Ultra complet
L’ensemble des modes
Les créations des autres gamers
Le solo prenant
Haut de gamme dans tout ce qu’il entreprend
Des didacticiels bien pensés
Une ergonomie brillante

Les moins

Laissera quelques gamers “moins créatifs” sur le carreau
Un temps d’adaptation
Des soucis occasionnels de caméra

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Dreams
    Editeur : Sony
    Développeur : Media Molecule
    Genre : Action | Aventure
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 14 Février 2020
    Trophées : Oui
    Support


    version éditeur

    Test Dreams

    Publié le Mercredi 26 Février 2020 à 23:04 par NoBloodyKnows
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    Si dans la timeline retraçant l’avènement de notre belle planète jusqu’à nos jours, 7 ans ne représentent qu’une semi goutte d’eau, pour les gamers que nous sommes il s’agit d’une éternité. D’autant plus qu’au final, lorsque le sujet fantasmé se livre, le coup de vieux nous tombe immanquablement sur le casque et c’est abasourdis que nous reprenons nos esprits, enfin prêts à dissiper nos utopies et chimères pour se confronter à la réalité, en priant pour que cette dernière s’en approche et avouons-le, dépasse tout ce que nous avions parfois maladroitement imaginé. Dévoilé en 2013 pour finalement être officialisé en 2015, Dreams aura su se faire désirer tout en cristallisant crainte, enthousiasme et curiosité maladive. C’est que les copains de Media Molecule sont des orfèvres, le genre d’atouts que nous sommes contents d’avoir dans notre deck, histoire de renverser la vapeur dans les derniers instants. Une des vitrines de Sony, assurément, et l’assurance d’une expérience intelligente et un peu folle, calibrée pour les surprises et découvertes souvent percutantes. Néanmoins, le projet est ici d’un autre acabit. Il est gargantuesque, immense, incommensurable et nous en passons! Dreams, en se fiant aux diverses annonces ou à l’accès anticipé, est LA proposition de vous mettre les éléments à disposition pour que VOUS puissiez réaliser votre propre oeuvre vidéoludique. Le développement à la maison avec toujours ce petit stress de faire face à une sorte de “créer un jeu pour les nuls”. Nous ne parviendrons pas à tenir le secret bien longtemps: il aura fallu certes des années mais cela est désormais compréhensible. Le pari est risqué et il est remporté haut-la-main avec les félicitations du jury, voire même un petit bisou sur la joue gauche. Nous sommes bien au-delà de ce que nous avons pu croire: oui, au-dessus du jeu se trouve le songe. Et trublions que nous sommes, nous vous proposons de passer la nuit avec nous pour rêver ensemble. Nous sommes désormais liés!

     

    Rêves de bavardages


    Si Little Big Planet avait donné le “la” en prouvant tout le savoir-faire des concepteurs, avec un éditeur de niveaux plaisant, une autre dimension est atteinte et en maîtriser les fondements demandera de l’investissement. Cependant aucun réel souci: Dreams se sépare pour ainsi dire en 3 parties si distinctes et reliées à la fois. Avec une entrée en matière pétaradante et colorée où vous choisirez votre follet, l’adorable bestiole qui vous accompagne. A noter que plusieurs types de déplacements vous sont octroyés, comme la reconnaissance du PSMove ou du capteur de la DualShock. Cependant au bout de l’accumulation des heures, nous sommes passés sur un contrôle classique en usant de nos bons vieux sticks. Dans tous les cas, si un temps d'adaptation est nécessaire et que quelques menus mais vilains soucis de caméra pointent leurs guenilles, la maniabilité est bien pensée pour ne pas se vautrer dans les méandres de la médiocrité.

    D’accord, rien n’est inné mais tout est prévu pour que vous progressiez petit à petit. Mais autant vous avertir de suite, et même si nous reviendrons sur ce point lors de ce test, si vous comptez créer il faudra patienter pour vous familiariser avec l’intégralité des mécanismes et même si un semblant de compréhension apparaît, il faudra essayer, retourner consulter les explications données et éventuellement se renseigner auprès de la communauté, où rares sont les manquements de réponse.

    Cela semble austère annoncé comme cela mais il n’en est rien: si Dreams peut sembler obscur en première intention, il se révèle par la suite comme une simplification qui ne condamne en rien la richesse. Et puis la forme n’incite jamais à capituler: les mises en scène sont bien efficaces et rien n’est jamais ni trop figé ni trop vif pour qu’au final, nous nous sentons accueillis dans ce grand brasier sans nous enflammer à la première difficulté. L’OST est impressionnante de justesse, l’univers est croquant et la palette de couleurs ravit la rétine. La marque de Media Molecule en somme, qui sait placer la subtilité enrobée d’une mignonitude pour que la glace ait un meilleur goût sans crouler sous une chantilly à la durabilité douteuse.

    Le design global est fabuleux et la froideur d’un simple logiciel nous est épargnée pour que le soft reste divertissant quand bien même certaines parcelles s’avèrent assez techniques. Media Molecule fait tout pour ne jamais nous perdre en usant de l’humour bien dosé et jamais lourd. Une maîtrise de fond donc, mais aussi de forme et c’est déjà en cela une grande victoire qui d’entrée en dit long sur les intentions des génies à l’origine d’un titre pas comme les autres, sorte de jeu-outil onirique.

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    Un design d'exception!

    Onirique sans chaise


    Et avant toute autre chose, il est clairement conseillé de se lancer dans le mode solo, celui qui vous fera vivre une grande aventure romancée comme il faut et évocatrice de tout ce qu’il est possible de faire dans le jeu. Enfin presque tout; néanmoins le panel est déjà très fourni! Pas bien long, ce “mode campagne” se révèle passionnant de bout en bout, affichant une Direction Artistique très jazzy qui sent bon les années 50. “Rêve d’Art”, car c’est le nom de la partie qui se joue seul, est bigrement intéressant et se lance dans des niveaux où énormément de genres du jeu vidéo sont représentés: du narratif à la plateforme, de l’action au shooter en passant par le Point’N’Click et le jeu de rythme; l'aperçu des moyens du moteur donne le tournis!

    Soutenue par une bande-son tout aussi géniale que le reste et des trouvailles graphiques chiadées, nul doute que vous apprécierez son histoire simple mais prenante,doublée intégralement en français s’il-vous-plaît, où la bonne humeur est un leitmotiv constant et un voyage qu’on ne saurait oublier. Certes, la durée de vie est très courte (environ 2H) mais nous réitérons: il s’agit bien plus d’une démo qui évoque les capacités qui nous sont offertes avec le jeu. Il sera intéressant d’ailleurs, lorsque vous aurez amorcé la prise de contact sérieuse avec les rouages de création, de retenter l’expérience pour découvrir comment telle ou telle action se produit sachant que si vous progressez dans ce domaine via l’échec, observer ce qui se fait est une excellente approche à ne pas négliger.

    Car si ce Rêve d’Art bénéficie de toute l’attention de Media Molecule dont on connaissait déjà le talent en tant que faiseurs, un autre intérêt de Dreams consiste à se jeter corps et âme dans les jeux créés par la communauté, ce que nous avions déjà abordé lorsque nous vous avions parlé de l’exposition à l’effigie du jeu. De fait, ce détour par l’option “Voyage Onirique” vous met face à des créations de tous les joueurs du monde entier. Si, forcément, les qualités sont inégales, un système de “likes” vous donnera un repère non négligeable. Car vous allez en trouver des choses!

    Si là aussi les genres sont représentés, vous aurez aussi accès à des scènes uniquement sous la forme de cinématiques et on sent tout l’amour et le coup de polish portés par les petits génies en herbe qui, et c’est une certitude, en ont passé du temps pour vous offrir leur propre vision du loisir vidéoludique, même si forcément certaines oeuvres se rapprochent plus du mini-jeu qu’autre chose. Cependant ne soyons ni chauvins, ni cruels: certaines perles se retrouvent et on sent que le monde amateur en a sous le capot!

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    Il est indispensable de passer par là...en plus c'est tout choupi!

    Dreams catcheurs


    Malins comme ils sont, les développeurs ont ouvert en amont une bêta pour que le catalogue soit complet: bien vu, car ceux qui ont pris de l’avance sont nombreux et la barre de recherche n’est pas de trop pour tenter de trouver son bonheur au milieu de tout ce marché de rêveurs: en plus de jeux originaux, des pans entiers de jeux “connus” ont été adaptés et une palanquée de titres de fans émergent dans ce tourbillon. Au coin d’un songe, nous avons entre autres retrouvé Kirby ou Link, ce qui ne nous aura pas manqué de faire sourire.

    Alors ok, de telles productions pullulent dans le monde pécéiste mais rappelons l’exploit de Media Molecule: vous donner des outils sur console afin de développer votre propre jeu et souvent, cela se fait seul. A vous de voir comment charger votre écran (sachant que plus c’est sobre évidemment, plus c’est fluide) et de définir votre Direction Artistique. Votre point de vue en somme, celui qui accouchera par la suite d’une multitude d’univers!

    Car oui le mot est lâché: Dreams est un jeu à la durée de vie colossale où une fois que chacun s’est amusé avec le produit des autres, il s’en tiendra à ses propres idées émergentes. Et si les débuts sont perturbants, voire même chaotiques pour tout bien saisir, sachez que oui ce qui est à notre disposition est simplifié mais reste à appréhender. Et si vous vous sentez tels des inventeurs en devenir, il vous faudra vous faire à l’idée que ce n’est pas forcément de suite que vous parviendrez à tout assembler correctement.

    Il y aura une précision à acquérir, des tas de choses à bien emmagasiner (un tour sur des forums pourraient être nécessaire comme nous vous l’indiquions) et une patience à ne pas négliger. Le système reste parfois un peu complexe en dépit de son ouverture et, à notre grand regret, ceux qui se sentent moins impliqués dans un process de développement de nature pourraient vite baisser les bras. Certes la communication du jeu fut dans le sens de l’accessibilité mais il vous faudra du temps pour dompter la bête, surtout quand vous verrez la tronche de vos premiers essais, ne serait-ce que pour imbriquer 2 éléments ensemble.

    C’est exact: nous parlons par empirisme mais nous nous sommes accrochés!

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    Des personnages loufoques et si attachants!

    Attends et rêve


    “Création de rêve”...LE gros du morceau et ce pour quoi nous avons tant attendu durant toutes ces années. Et c’est grâce à cela que désormais, lorsque vous hurlez en allemand sur une séquence de n’importe quel jeu, vous vous rendrez compte à quel point quelque chose qui nous paraît naturel peut représenter un travail titanesque, en maniant une nouvel fois l’euphémisme avec brio!

    Heureusement, des tonnes de didacticiels sont présents, clairs, dynamiques et bien narrés. Classés selon le niveau de maîtrise requis, ils vous seront indispensables et y retourner fréquemment est souvent utile! Interactifs, ils vous proposent donc la marche à suivre selon chaque étape et cela va du choix des textures, des effets ou encore de la mise en mouvement.

    Si tout se passe relativement bien pour l’aspect graphique, l’animation reste une énigme lors de vos premiers pas, tout comme la mise en marche du gameplay. Ainsi et par exemple, ce sera à vous de choisir les capacités de vos pantins (vos personnages du jeu en gros) comme leur inertie ou hauteur des sauts et à vous de trouver le juste milieu pour que rien ne soit trop simple ou affreusement difficile en raison d’une production bancale.

    En ce sens et comme nous vous le disions plus haut, il vous faudra repasser en boucle vos séquences en alternant de manière intuitive entre phases de jeu et de modification afin de déterminer le bon équilibre. Le tout en prenant en compte le script car un pont qui ne se déclenche pas lorsque vous appuyez sur le bouton qui devrait le faire, ça la fout mal! Et d’autres paramètres seront à gérer, comme le type d’ouverture et le délai. Reprenant le système de câbles pour relier les éléments les uns aux autres, il faudra être minutieux tout en retenant que si quelque chose ne fonctionne pas, la faute vous revient.

    Si la conception sonore paraît un poil plus simple, le câblage prendra tout son sens lorsque la logique sera vôtre et cela dépend de la réception de chacun. Ainsi, certains points furent plus rapidement saisis par l’une des facettes du duo de rédacteurs du NBK pendant que l’autre se grattait encore la tête concernant le concept précédent... et vice-versa.
    Menus et sous-menus sont à digérer et décoder, tout comme cette base de données riche qui pourrait en décourager plus d’un alors que les autres se frotteront les mains devant tant de possibilités! N’oubliez d’ailleurs pas d’en récupérer en plus dans certaines phases jouables mais chut! Nous n’en dirons pas plus.

    Enfin, sachez que les moments d’apprentissage en cascade se composent de cours à suivre pour voir si vous avez bien tout compris. Autrement dit, avant de profiter pleinement de Dreams, il est indispensable de parcourir une sorte de didacticiel géant qui pourrait aisément dépasser la dizaine d’heures! Vous passerez même à l’occasion par le remixage de niveaux existants si vous ne souhaitez pas tout commencer de zéro (rassurez, un système de protection existe pour les réfractaires).
    Ce sera un investissement de votre part...néanmoins, quel pied une fois le tout assemblé et connecté! Et c’est à ce moment où vous pourrez participer aux défis communautaires, histoire de montrer votre skill auprès des autres rêveurs.

    Sauf que cette fois, ce ne sera pas la vitesse de vos doigts qui fera la différence mais votre capacité à reproduire ce que vous imaginez. Exceptionnel, tout simplement!
     

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    Une ambiance incroyable les amis!

     

     

     




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