Vos aventures débutent invariablement par une série de tutoriels basiques agrémentés de vidéos. Mais dans un jeu de gestion, même le plus poussé des didacticiels ne peut vous donner d’emblée toutes les clés et mécanismes de celui-ci. Alors évidemment on tâtonne un peu. On découvre la carte du monde et son chapelet d’îles, comment se déplacer entre elles, savoir ce qu’elles peuvent offrir, apprendre à établir des triangles commerciaux et les possibilités de gestion des différentes colonies. Celles-ci étant réparties entre les quatre puissances monarchiques de l’époque : la France, l’Espagne, les Pays-Bas et l’Angleterre.
Sauf qu’arrive un moment où l’on commence sérieusement à se questionner (notez qu’il est normal que vous laissiez échapper un juron malheureux sous le coup de votre agacement ou de votre incompréhension). C’est que plus on avance, moins l’ensemble paraît clair et cohérent. Autant dans le fond que dans la forme d’ailleurs. Les interfaces de commandes, dans leur globalité, sont très mal pensées. Comme devoir faire des va-et-vient incessants entre le menu de navigation et ceux de la ville dans laquelle vous accostez. Hormis un raccourci pratique et valable pour l’achat/vente de marchandise via les docks, équiper par exemple un convoi avec des navires de guerre relève du chemin de croix.
Vous devez rentrez dans la ville (1), sélectionnez votre navire (2), vous rendre à la capitainerie pour appareiller avec le/les navire(s) de guerre à disposition (3), vous rendre aux docks pour enrôler les marins (4), sortir de la ville (5), définir les caractéristiques de votre convoi en cas d’affrontement (6)…on reprend son souffle…aïe…mon ratio marins/canons n’est pas bon (sous-entendu : le temps de rechargement des canons est rallongé) car la répartition automatique entre les différents navires du convoi se fait un peu n’importe comment. Rebelote. Retour sur les docks de la ville (7), mettre le grappin sur les marins manquants (8), au passage effet perverse sur votre côte de popularité, retour sur la carte maritime (9), mise en ordre de marche finale avant le départ du convoi (10)…voilà c’est prêt…peu intuitif, et autant fastidieux à faire qu’à écrire. Avec un petit temps de chargement en prime, même s’il est minime, entre les passages de la carte à la ville et vice-versa. Ou comment parvenir à vous exaspérer en dix leçons.
Bref. Même en intercalant entre ces échanges commerciaux litaniques les missions à remplir pour les vice-rois, une chasse aux trésors de-ci de-là, ou encore quelques pirates récalcitrants à mater ; l’ennui se fera vite sentir. D’autant que les batailles navales, seules véritables phases de "gameplay" (certes pas primordiales pour ce genre de jeu), mais dont l’intérêt aurait pu être bénéfique vu le contexte, sont encore moins réussies que le reste. En cas d’affrontement, deux options s’ouvrent à vous : combat automatique ou manuel. Ce dernier choix étant inintelligible autant dans les commandes jeu que dans son déroulement. Donc à peu près…10 fois sur 10, on choisira le mode auto. Tous vos faits et actions de jeu remplissant une jauge de réputation à l’intérêt et à l’incidence plus que discutables.
C’est en terminant sur ce point, qui globalement nous ramène au faux-semblant de départ : la promesse d’une rejouabilité avec deux campagnes différentes. Mais qui ne sont pas tant éloignées l’une de l’autre au final. Combat naval et commerce oblige pour acquérir terres et pouvoir d’un côté. Commerce et combat naval oblige pour ne pas se faire dépouiller des richesses acquises de l’autre. Bonnet blanc, blanc bonnet. Rajoutons à cela qu’il n’y a rien à ajouter, puisque le soft propose un seul autre mode de jeu en monde ouvert. Pas de coop, pas de multi, rien de tout ça. Encore heureux que le titre soit visuellement réussi.
Des contre-exemples existent, mais par essence, un jeu de gestion est difficilement transposable sur console de salon. Si vous ajoutez à cela des fardeaux techniques dans l’interface, la gestion douteuse des évènements, des mécanismes de jeu incohérents…on aboutit à un résultat bien faible. Malgré un cadre de jeu attrayant (époque, lieux) et graphiquement agréable, tout le reste rate sa cible. Avec Port Royale 3, il vous faudra souquer ferme pour ne pas partir à la dérive.
Les plus
-Les caraïbes et la piraterie, ça fait toujours recette -Aspect graphique plutôt bien maîtriséLes moins