Test Shadow Gambit: The Cursed Crew

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Si vous ne connaissez pas encore Mimimi Games, il est grand temps de vous intéresser à cette talentueuse équipe qui a fait naître les excellents Shadow Tactics : Blades of the Shogun et Desperados III. Ils ont démontré avec brio qu'ils maîtrisent le genre Stealth Strategy Games (jeux stratégiques d'infiltration), appellation du genre inventé par eux-mêmes. Ils reviennent cet été avec Shadow Gambit: The Cursed Crew, trois ans après la sortie de Desperados III, ici on quitte le désert et les cowboys pour de la piraterie et du fantastique sur des îles tropicales. Seul bémol dans cette belle sortie, c'est l'annonce quelques jours plus tard que Shadow Gambit est le dernier projet du studio qui on peut le comprendre semble prendre un peu de recul, le stress et la charge de travail sur des projets toujours plus grands et plus poussés laissent peu de place à la vie personnelle et on ne peut que souhaiter à toute l'équipe une bonne continuation que ce soit dans leur avenir professionnelle mais surtout dans leur épanouissement personnel. Cela dit, l'équipe continue pour le moment à mettre à jour le jeu et proposera très certainement un peu de contenu supplémentaire avant de clôre définitivement l'histoire du studio. Quoiqu'il en soit, embarquons tout de suite dans Shadow Gambit.

Hissez ho !

Les développeurs changent d’ambiance avec Shadow Gambit, nous voici plongés dans l’âge d’or de la piraterie en compagnie de notre héroïne Afia Manicato, mais l’ambiance s’apparente plus à du Pirates des Caraïbes avec une bonne dose de fantastique, de surnaturel ainsi que de l’humour. En effet Afia et notre équipage à venir ont déjà tous connus la mort, mais revenons en à l’histoire du jeu avant de parler de l’équipage. Vous incarnez donc dans un premier temps la corsaire Afia, elle rencontre l’Arlequin, personnage central du scénario, afin de rejoindre le Red Marley, navire pirate doté d’une âme maudite. Ce dernier a le même but que Afia et recherche une navigatrice afin de trouver le trésor de Mordechai (l’ancien capitaine). Seul problème à régler avant toute chasse aux trésors, libérer le Red Marley au prise de l’Inquisition qui règne sur les Caraïbes.

La magie de l’Arlequin va permettre à notre corsaire de rejoindre l’île où le Red Marley est coincé par l’Inquisition, cette première mission sert avant tout de tutoriel et de mise en place de l’histoire qui réserve son lot de surprises et de rebondissements. Une fois le Red Marley libéré, ce dernier va passer un pacte avec Afia (qui sera nommée Navigatrice), en échange de son aide pour ranimer les membres de son équipage, elle bénéficiera de la magie du Marley pour récupérer le trésor et surtout du droit d’en prendre une partie. Évidemment tout ne sera pas rose puisque l’Inquisition et sa leader Ignacia useront de tous les sortilèges pour espérer mettre en échec le Red Marley et Afia.
Au fil des missions, vous allez pouvoir ranimer sept pirates dans l’ordre qu’il vous plait, tous possèdent leurs compétences et leur style. Ils sont d’ailleurs tous vraiment réussis et il sera surtout compliqué de faire un choix. Cette progression libre permet également de rendre le jeu rejouable puisque les approches des missions seront toujours différentes selon la composition de votre escouade de pirates.

A noter également que le Red Marley est aussi le hub central du jeu, d’où vous pouvez discuter avec ce dernier, les personnages et d’autres PNJ tous aussi charismatiques les uns que les autres. Chaque personnage jouable dispose d’ailleurs d’une histoire secondaire à dérouler en cinq parties, ces petites missions exclusivement jouables sur le navire permettent d’en savoir un peu plus sur les pirates et sont toutes aussi loufoques les unes que les autres, elles sont très courtes et simples, ce qui permet de faire une petite pause entre les missions principales. L’idée est excellente et ajoute du sens à l’histoire.

Sur le Red Marley, il est également possible d’atteindre la zone d'entraînement où chaque capacité de chaque personnage pourra être testées dans de vraies situations. Là aussi c’est excellent puisque l’on apprend à maîtriser les compétences nouvelles avant d’entrer directement dans le vif du sujet.

Dans la cabine du capitaine, Afia pourra lancer les missions via la carte des îles … En route pour l’aventure moussaillons !

Notre fine équipe de macabés

A l’aventure !

Dans un premier temps, vous commencerez vos missions avec Afia puis petit à petit vous débloquerez les autres personnages selon vos choix. La plupart des missions se joueront à trois et vous devrez constituer votre équipe. A savoir que si vous laissez se reposer un personnage pendant une mission, ce dernier bénéficiera d’un bonus pour la progression de la barre de vigueur qui permettra de débloquer une nouvelle compétence pour chaque pirate et si vous espérez débloquer ces huits compétences/améliorations il faudra bien avancer dans le jeux et ce même après avoir bouclé la dernière mission.

Chaque pirate possède ses propres compétences, offensives, de diversion, de camouflage mais surtout son charisme car l’équipe de Mimimi a fait un incroyable travail sur le chara-design, ils sont tous vraiment différents et réussis, aucun des personnages ne se trouvera inutile et on se plaît à varier les compositions d’équipe à chaque mission.


D’ailleurs présentons nos chers personnages, auxquels nous nous attacherons au fil de l’aventure, chacun ayant sa propre histoire à vivre et à raconter.
A noter que chaque personnage possède un pistolet avec deux cartouches maximum. Des caisses de munitions (contenant trois recharges) seront parfois disponibles sur les maps mais le jeu ne favorise pas l’usage de cette arme sauf en cas d’ultime besoin. Certains personnages pourront nager ou escalader des murs de feuilles mais pas tous, évidemment le level-design est tellement bien pensé qu’il y a toujours un chemin possible pour n’importe quel personnage.

Commençons par Suleidy, la doctoresse du bateau, qui a la possibilité de créer un buisson pour se cacher avec ses comparses, elle peut également envoyer une potion sur un ennemi pour le faire changer de trajectoire, c’est un personnage assez rapide lors des éliminations discrètes.

Toya, quant à lui est le cuistot à bord et possède des compétences se rapprochant plus d’un ninja, il peut tout d’abord distraire les ennemis avec sa flûte et user de son Katashiro, sorte de marqueur qui permet couplé à sa compétence d’ombre de se téléporter à l’endroit où le Katashiro est posé ou d’éliminer un ennemi si le Katashiro est sur ce dernier. Lui aussi est un personnage très rapide pour éliminer discrètement mais aussi déplacer les corps.

Pinkus est le quartier maître du Red Marley, il n’est pas un maître assassin mais possède une compétence assez exceptionnelle puisqu’il peut prendre l’apparence de certains ennemis et ainsi se fondre dans la masse (sur une distance limitée), il peut également distraire les ennemis avec une pièce d’or ou tout simplement leur parler quand il a pris possession d’un garde.

Quentin est le spécialiste de la chasse aux trésors et se ballade toujours avec son coffre en or sur le dos, il peut lancer sa tête afin d’attirer les ennemis, mais attention ces derniers partent avec, heureusement notre sac d’os doré a toujours sa canne à pêche avec lui pour récupérer sa tête, attraper les corps et les glisser dans son coffre, il peut même attraper ses compagnons, récupérer le contenu des coffres de munition, déclencher certains éléments du décor (comme déplier une échelle par exemple), Quentin est un personnage vraiment attachant et drôle à jouer.

Gaëlle est la canonnière du bateau (mais aussi la frenchie de la troupe), elle possède un canon sur son dos qui lui permet de capturer des ennemis pour les envoyer voler plus loin mais elle peut également le faire avec ses acolytes, pratique pour les lancer dans un endroit stratégique. Elle dispose aussi de pétards pour attirer les gardes.

Teresa est la tireur d’élite du navire, même si elle est aveugle, elle est plus affûtée qu’un lion en pleine jungle, cette dernière peut tirer à distance une unique cartouche (récupérable) qui élimine instantanément un garde, elle peut également utiliser des cartouches fumigènes qui aveuglent un ennemi pendant un court instant.

John est le charpentier du Red Marley, son ange gardien en somme, il est capable d’ouvrir un portail vers l'au-delà afin d’y envoyer ennemis et y cacher les cadavres ou tout simplement se cacher, il devient indétectable. Il est également accompagné de son poisson de compagnie, Sir Reginald qui est utilisé afin de distraire les gardes.

Et pour finir notre navigatrice, Afia qui en plus de son pouvoir de décision dans l’aventure dispose de son épée magique qui lui permet de se téléporter à une courte distance rapidement ou se jeter sur un ennemi. Elle peut également lancer sur un garde une montre magique qui arrête le temps, ce dernier s’arrête un court instant pour se réveiller et reprendre son action comme si rien ne s’était passé.

Si vous êtes persévérant dans le jeu vous pourrez aussi débloquer l’Arlequin, qui possède des compétences bien particulières que je vous laisse découvrir par vous même.
Pour (espérer) le débloquer (et le trophée lié) il vous faudra atteindre 85% de complétion du jeu via l’accomplissement des missions mais surtout des insignes et il y en a certaines qui ne sont pas simples à obtenir. Vous n’aurez d’ailleurs aucune visibilité sur les objectifs de ces dernières sauf une fois que vous aurez terminé la dernière mission principale. C’est là que les développeurs ont fait fort car une fois le jeu fini, il reste un tas de choses à faire, toutes les missions sont rejouables.

Vous l’aurez compris, les développeurs de Mimimi ont apporté un grand soin à la création des personnages, que se soit sur l’équilibrage, leur histoire, leur chara-design, leurs compétences mais aussi leur nombre.

Des îles magnifiques

Une pépite d’or ?

Parlons maintenant du gameplay, car oui je viens de me rendre compte que je n’ai pas encore évoqué le genre du jeu alors que j’entame le dernier paragraphe de mon test, j’adore tellement ce genre de jeu que j’oublie que certains joueurs n’ont peut être jamais lancé un jeu d’infiltration en temps réel en vue isométrique. Mimimi Games a d’ailleurs baptisé le genre en 2022 par “Stealth Strategy Games” (entendez donc jeux stratégiques d’infiltration).
Vous dirigez donc un ou plusieurs personnages et devez vous infiltrer (ou exfiltrer) le plus intelligemment possible dans le camp adverse et accomplir des objectifs précis, nos compagnons d’armes possèdent des compétences pour vous accompagner dans cette tâche. Le jeu nécessite donc de la réflexion, de la coordination et se joue en temps réel ce qui ne permet pas de le comparer à des tacticals au tour par tour comme XCOM par exemple.

On retrouve les mécaniques des jeux précédents comme le cône de vision des ennemis qui passe du vert au jaune quand l’attention des gardes se porte sur votre personnage puis passe au rouge lorsqu’il est détecté. L’alerte est rapidement donnée, là où le jeu progresse un peu moins, c’est sur l’IA qui se jette uniquement sur l’endroit où vous avez été repéré, si vous êtes parvenus à vous cacher ailleurs discrètement et suffisamment loin, ils ne viendront pas vous débusquer. Ceci est peut être une bonne chose puisque le jeu n’est pas simple et avec une IA trop poussée, le challenge serait sans doute un peu trop relevé.

Il est également possible d’utiliser une fonction pause afin de construire son plan d’attaque et de synchroniser les actions à plusieurs. Ce mode de planification est toujours aussi efficace.
On retrouve également un système de sauvegarde, par défaut (car tout se personnalise dans le jeu) une cloche vient nous rappeler toutes les deux minutes qu’il est temps de saisir l’instant, Shadow Gambit utilise le côté fantastique du jeu pour introduire la notion de souvenirs ce qui est en réalité une belle façon de dire sauvegarde. La mort n’est donc pas la fin dans Shadow Gambit si vous avez pris la peine de capturer un souvenir avant de lancer votre assaut (d’autant plus que vos héros peuvent être réanimés par un membre du groupe encore valide, mais dans un temps limité).
Toutes ces mécaniques de gameplay vous seront familières si vous avez joué aux jeux précédents de Mimimi.

On regrette juste le manque de variété des ennemis, alors oui les développeurs ont introduit des ennemis plus puissants, et souvent bien entourés, qui doivent être exécutés avec deux attaques simultanées (ce qui nécessite parfois de se creuser les méninges) mais ça reste peut être un peu léger. Cela dit, il faut bien trouver un petit point négatif à cette œuvre vidéoludique de qualité.

Techniquement, le jeu passe un cap par rapport à Desperados III, on le ressent sur tous les aspects, level-design, chara-design, histoire, personnages jouables, durée de vie, amélioration des mécaniques de jeu et même la bande son qui contribue à l’immersion que ce soit avec la musique rappelant bien évidemment la thématique des pirates, ou les bruitages et les voix des différents personnages.

En gros Shadow Gambit fait tout ce que faisait de très bien Desperados III en plus abouti…Alors oui Shadow Gambit : The Cursed Crew est une pépite du genre, un trésor, qu’il faut absolument découvrir si ce n’est pas déjà fait. Un gros coup de coeur !

Attention de ne pas vous faire repérer