Note du test 6.5/10En conclusion :

Cela constitue désormais une bien mauvaise habitude, mais le constat est bien là. Necromunda déborde d’idées bien profondes qui se noient sous le torrent de la finition. Ainsi, la dimension tactique est complètement arrachée en raison d’une intelligence artificielle qui oublie parfois d’être présente. Cela fout en l’air l’ensemble du travail effectué sur les trouvailles et laisse ce petit goût amer. Oui, le jeu avait un boulevard pour se hisser sur le toit des tacticals grâce à des possibilités, notamment de personnalisation, à en faire pâlir d’autres productions. Un rééquilibrage de certaines statistiques ne seraient pas de refus et constitueraient un gain net pour le titre. Toujours est-il qu’en dépit de ces quelques éléments foirés, Necromunda détient un univers fort et des fondations solides. Une fois les quelques erreurs digérées, vous vous délecterez d’un nectar pimenté dont la campagne n’est que l’aspect visible de l’iceberg. Car si on se fie au contenu et aux possibilités offertes, nous voyons que le studio ne s’est clairement pas foutu de nous. De plus, le piège du portage pur et dur du jeu de plateau est évité ! En choisissant d’établir ses propres règles, Necromunda Underhive Wars évite également cette désagréable sensation d'exploiter honteusement un licence. La conciliation des fins stratèges et des disciples de Warhammer semble possible. Ce qui est déjà beaucoup !

Les plus

L’approche tactique bien complète
Pas un ersatz du jeu de plateau
La DA pour les aficionados
La gestion et la personnalisation de son gang
La verticalité des arènes
Durée de vie gargantuesque

Les moins

L’IA qui fait parfois l’école buissonnière
Quelques statistiques contestables
Rythme particulièrement lent
Quelques cagades techniques

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Necromunda: Underhive Wars
    Editeur : Focus Home Interactive
    Développeur : Rogue Factor
    Genre : Turn-based Tactics
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 08 Septembre 2020
    Trophées : Oui
    Support


    Test Necromunda: Underhive Wars

    Publié le Dimanche 20 Septembre 2020 à 20:23 par NoBloodyKnows
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    Les fans du jeu de plateau sont issus d’une espèce sombre. Selon nos informations, ils ne sortent que la nuit, uniquement en solo ou par petits groupes. Leur caste est impossible à repérer ni déceler. Pourtant, ils sont partout ! Leurs réunions se font selon des rites bien précis, et impossible de faire partie du clan sans une initiation. Enfin ça, c’est pour la pratique. Rappelez-vous, c’était il y deux ans… le duo du No Bloody Knows apparaissait sur PSMag. Un test fut prévu, une adaptation. Et quand ReleaseForBurial, probablement sincère, regarda la face masculine du NBK dans les yeux avec un sourire éclatant en lui déclarant “si on faisait ce test ensemble ! Je suis sûr que ça va être sympa !”, l’enfer débuta. Achtung! Cthulhu Tactics fut une purge. Une vraie. Le genre tactique sans aucun sens. Alors en 2020, à l’aube de la nouvelle génération, Necromunda sort du bois et il y a de quoi paniquer. Vraiment. Même principe : on sort le plateau et les figurines, dont la première édition paraît dans les 90’s (avec une réédition depuis), et on l’adapte sur PC et… consoles. Point de Lovecraft pour le coup, la dystopie sort de l’univers Warhammer 40.000 et des fans, il y en a. A notre grand dam, nous n’en sommes pas spécialement mais créer un jeu qui parle à tout le monde représente aussi un sacerdoce. Sans dénaturer ou décevoir l’apôtre ! Alors, en route pour une claque stratégique ?

     

    Gang René


    Il nous faut de suite régler un détail important : oui la Direction Artistique de Necromunda respecte l’identité que nous sommes en droit d’attendre. Et assurément, cela ne plaira pas à tout le monde. Les gangs ont les tronches qui vont bien, avec un pincée de Mad Max, les têtes de mort, les crêtes et tous les codes inhérents au genre. C’est poisseux et ça se fout sur la tronche de partout. La société dispose de plusieurs strates et entre la recherche de trésors et la baston, il n’y a qu’un pas.

    Le pitch est assez conventionnel et finalement, on ne lui en demande pas plus. Après tout, point de désir de poésie ou de prose abîmée. Nous favorisons plutôt la pose des abysses et cela en restera là. Certes, le spectateur hostile à ce spectacle ne se réconciliera pas avec cette représentation. Les personnages sont antipathiques à souhait et leurs dialogues, pas toujours inspirés, s’emparent des clichés avec délectation. Au moins, pas de triche ! Si nous pouvons aussi reprocher des sous-titres bien trop petits, il faut prendre en compte que le soft dispose d’une VF intégrale, bien correcte. Cela fait le taf sans trop forcer mais le ton y est.

    Assurément, les cinématiques servant d’introduction aux missions le plus souvent claquent. Nous sentons que les développeurs ont souhaité nous marquer à travers des choix artistiques forts. Et cela fonctionne plutôt bien ! Bien sûr, nous ne cherchons pas du Coppola. Cependant, il faut reconnaître que les effets de caméra, les plans choisis et le montage dynamisent le propos et rendent les séquences moins atones que leur sujet. Un petit délice sucré qui ne paie pas de mine et qui s’assume totalement. Ainsi, même si nous avons vite décroché de la trame, nous n’avons pas cherché à zapper les cinématiques, ne serait-ce que pour voir tout le monde s’engueuler à moitié. Et ça, ça n’a pas de prix !

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    Le genre d'ambiance que vous verrez tout du long !

    Necromunda terre


    Il serait grossier de notre part de ne pas évoquer le concours de Andy Chambers, que les fans reconnaîtront. Une fin épique et une quête sous plusieurs points de vue, cela suffit amplement ! Un plus par rapport à Mordheim qui permet au joueur de s’impliquer. Necromunda vous emmène donc dans ses bas-fonds sans se contenter de vous faire suivre un dogme précis.

    En revanche, des règles, vous allez devoir en digérer ! Loin d’être aussi complexe qu’un bon bouquin de 350 pages uniquement destinées à l’initiation, il faudra apprendre à apprivoiser les possibilités. En ce sens, si vous souhaitez acquérir le soft uniquement pour sa campagne, alors vous pouvez tourner les talons. Oui, dire l’inverse serait se leurrer ! Le mode histoire, très fortement recommandé lors de vos premiers pas, n’est en fait qu’un grand didacticiel vous laissant le temps de tout assimiler. Cela ne déroge en rien à la volonté d’apporter quelque chose de construit ; toujours est-il que l’option est là pour votre apprentissage.

    Cela sera toutefois compliqué pour le néophyte n’ayant jamais posé ses jolies petites mains sur un tactical tant le flot d’informations défile sans pouvoir essayer à plusieurs reprises le concept. Avant de s’attaquer, enfin, aux choses sérieuses. De fait, pour ne pas faire n’importe quoi, il faudra expérimenter . Faire l’inverse vous emmène vers une mort certaine et baisse drastiquement l’intérêt.
    Et de quoi s’agit-il alors ? D’affrontements stratégiques au tour par tour. Classique ? Pas tant que ça finalement, car Necromunda fait le choix de délaisser la vue isométrique. Au profit du TPS.

    Pari gagnant car même si la possibilité d’observer la carte dans sa globalité est possible, cela vous force à vous repérer en 3D. Le tout en scrutant chaque élément qui pourrait être intéressant. Dont vos ennemis. Votre escouade s’oppose donc à une clique rivale et l’aspect tactique est généreux. Très généreux !

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    C'est certes un peu cliché mais réussi !

    Wars en bourg


    L’intérêt de Necromunda est d’analyser avant de se lancer dans la mêlée, en usant avec efficience de la verticalité. A l’instar de son histoire, les lieux disposent de plusieurs niveaux et vous vous doutez bien qu’être au-dessus présente de multiples avantages, dont l’amélioration de la visibilité. Encore faut-il pouvoir y parvenir et le passage en force, c’est souvent “niet”. En cela, le jeu mérite son affiliation au genre puisqu’il faudra bien connaître les membres de son équipe pour en tirer le maximum.

    Délaissant la traditionnelle grille, les déplacements sont soumis à une jauge qui se vide lors des mouvements. Une incitation à bien réfléchir avant d’agir ? Tout à fait les amis ! Le gaspillage n’a pas sa place ici et surtout, il faudra veiller à ce que l’adversaire ne soit pas en alerte pour interrompre votre tour. Remarque, vous pouvez lui rendre la pareille mais dans ce cas-là, attention à ne pas se faire surprendre par derrière.

    La gestion des espaces est totalement cohérente et fait la grande force de Necromunda. Le level-design est intelligent et les arènes paraissent parfois immenses. Cela permet d’obtenir plusieurs solutions pour parvenir à triompher et bon sang que c’est appréciable ! C’est aussi ce système qui le plombe. En effet, lorsque c’est à la console de jouer, vous êtes contraints d’observer. Et bon sang que c’est long ! Surtout lorsque la décision tarde. De fait, le rythme en prend un terrible coup dans le groin et parfois, nous sommes à la limite de l’ennui.

    L’écueil ne serait pas si dur en cas d’IA particulièrement corsée. Il n’en est rien et, une fois n’est pas coutume, pardonnez notre vulgarité : celle-ci effectue des actions parfois complètement connes ! Le combat bascule de temps en temps car l’adversaire se piège, délaisse sa couverture ou oublie de shooter une cible largement à sa portée. Et là, ça la fout mal.

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    Utiliser les possibilités du dévor aide à se ruer sur l'ennemi.

    Underhive rocher


    On passera encore outre des animations un peu fauchées qui contrebalancent avec le rendu global. On pardonnera aussi les quelques ralentissements, notamment lors des cinématiques, qui plantent la jonction son/images. En revanche, certaines tares sont assez dérangeantes. Ainsi, si l’idée de devoir se déplacer efficacement pour pulvériser sa cible est grandiose, la portée nous semble parfois bien courte. D’autant plus que les actions, qui sont ponctionnés sur une autre jauge, semblent parfois assez chères par rapport au réservoir dont on dispose.

    Nous ne pouvons nier qu’une régénération partielle intervient entre chaque “manche” (fin des tours) et qu’elle est salvatrice. Autre point de surprise : les probabilités de toucher sont à l’occasion surprenantes. Lorsque l’ennemi est trompé et que les chances de le louper s’élèvent à plus de 20%, il y a comme qui dirait un hic. Comme si c’était le jeu qui décidait quand le càc sera plus payant que le shoot. En parlant de ces 2 points, l’idée d’engager et de se désengager en frontal est une chouette trouvaille !

    Le point fort intervient tout de même dans la gestion de ses troupes, son équipement, sa faculté à retaper son matériel ou le choix de son arme en main droite ou gauche. Cela demande de s’adapter à toute situation sans exception ! Il faudra composer avec des buffs et debuffs, temporaires ou non, afin de mieux optimiser ses assauts et surtout choisir qui remplit quel rôle. Cela paraît complexe sur le papier (et encore, on ne vous a pas tout dit !) mais après plusieurs heures, cela semble naturel. Beaucoup de rouages sont bien huilés et on se surprend à étudier chacune de ses statistiques, afin de personnaliser comme il se doit sa troupe. En partageant efficacement les compétences (car le soutien, c’est aussi important que l’offensive !).

    Et si rien n’est totalement irréversible, cela vous facilite grandement les joutes ! On se répète : dommage qu’elles soient finalement si longues. On notera aussi un environnement qui peut faire l’objet d’interactions. Cela sert énormément à redistribuer les cartes dans le positionnement ; toujours est-il que cet aspect aurait mérité d’être bien plus poussé !

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    Les plans sont une incontestable réussite !

     

    Necromunda lear


    Après avoir bouclé le mode story, nous avons souvent tendance à penser que le reste ne sont que des petits bonus destinés à prolonger le plaisir. Que nenni ici !
    Car si vous avez pigé le système de classe ou les subtilités des mécanismes, autant vous dire que vous n’avez rien vu. En effet, le “vrai jeu” commence lorsque vous partirez de zéro pour créer votre gang. Et en ce sens, l’aspect gestion devient addictif ! Cela vous prendre des heures et des heures et il faut dire les choses telles qu’elles le sont : si vous entrez dans le trip de Necromunda, vous en aurez pour votre argent ! La durée de vie devient alors purement monstrueuse.

    Vous devrez vous défendre, agresser le camp adverse, gérer des opérations ou des escarmouches, seul ou à plusieurs. La récupération de ressources (y compris sur les cadavres) est aussi basique que tentante en dépit, encore une fois, d’une intelligence artificielle qui montre maintes fois ses lacunes. Récolter puis détaler sous le feu nourri possède pourtant ce côté grisant !
    C’est en cela que nous pensons sincèrement que Necromunda a ce petit plus qui lui octroie un potentiel hors-norme. En outre, sans parler de talent gâché, l’impression que certains boulets formels l'empêchent de s’exprimer prédomine. Aller chercher de l’XP, choisir de s’extirper ou de dégommer tout le monde, tendre des embuscades… les possibilités sont énormes !

    Cela ne suffit pas à poursuivre la voie vers le panthéon vidéoludique. On attendra aussi quelques correctifs qui seront les bienvenus concernant des problèmes de freeze et d'optimisation. D’ailleurs, certains auront probablement les mêmes problèmes que nous, à savoir une console qui risque de chauffer l’intégralité de votre maison !
    L’autre question vient du fait de la légitimité du portage sur les consoles. Si l’ergonomie fait son office, on sent que le projet est avant tout prévu pour le PC. C’est d’ailleurs sur ce support que le succès risque d’être aperçu d’ailleurs !

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    Le genre de scène comprise plus tard.




    Test Necromunda: Underhive Wars - 8 minutes de lecture