Hayato est journaliste au magazine LOST, un magazine consacré à l'occulte et au surnaturel. Quand des rumeurs autour d'une femme en pourpre poussant des gens dans le métro se fait connaître, son patron l'envoie immédiatement chercher plus d'informations. Hayato est encore très loin de se douter qu'il va entrer de plein fouet dans l'occulte et devenir l'Élu, porteur de la volonté de Dieu, dans une guerre entre les Cieux et le Mal...
Voilà pour le point de départ du nouveau RPG de Kadokawa, qui s'offre également les services et l'univers du créateur de El Shaddai. Il ne reste plus qu'à savoir si ça vaut le coup.
La Volonté de DieuLovecraft X Christianisme
Le lien avec El Shaddai est assez clair d'entrée de jeu : on retrouve très vite Lucifer (enfin, Lucifel) et l'archange Michael avec leurs designs de l'époque, et le héros de El SHaddai, Enoch, est même l'un des premiers combattants qu'on vous confie (et il est vite une arme surpuissante). Autant dire que les références à la religion chrétienne seront donc nombreuses, tout comme aux autres cultes via divers monstres et situations, à la façon d'un Shin Megami Tensei.
L'autre univers qui se taille une grande place ici est celui de Lovecraft (et les autres auteurs qui ont enrichi son œuvre). Et c'est là que ça commence à coincer un peu. En effet, vos antagonistes principaux sont rien de moins que Cthulhu, Cthugha, Hastur, et Dagon (et on trouve Nyarlahotep sur la Route de R'Lyeh). Sauf qu'ils ne sont rien de plus que des antagonistes. Pas une fois on ne retrouvera la force du mythe lovecraftien, l'ambiance oppressante, la difficile distinction entre réel et folie, la descente du personnage vers les ténèbres de la conscience... Non, ce sont juste des méchants et vous êtes l'Élu qui doit les éliminer. Si cette incompréhension totale de l'univers lovecraftien (d'autant qu'il y a encore bon nombre de références par la suite) est fort dommage, le jeu a heureusement bien d'autres choses à offrir.
Du donjon, du donjon, du donjon !
The Lost Child est un pur donjon-RPG. Vous allez passer votre temps à parcourir les divers étages de chaque donjon, et ce sont les seules phases de "vrai" gameplay que vous aurez, le reste s'approchant plus d'un visual novel et vous faisant surtout naviguer dans divers menus. De façon concrète, vous aurez à mener plusieurs investigations, que ce soit pour le scénario principal ou le contenu secondaire. Vous allez donc aller à l'endroit indiqué, parler aux gens de la rumeur, puis accéder au donjon concerné, et l'explorer (et recommencer pour le suivant). Notez que cela reprend les principes de base de Demon Gaze : jeu entièrement à la première personne et avancée case par case jusqu'à dévoiler l'ensemble de la carte de l'étage.
De même, le gameplay est le gameplay classique de tout J-RPG tour par tour digne de ce nom, on reste en terrain connu (attaque, compétences, objets, défense...). The Lost Child propose toutefois deux mécaniques qui lui sont propres. D'abord, l'Astral Burst. À chaque attaque portée, une jauge bleue en haut de l'écran va augmenter. Plus celle-ci est remplie, plus votre Burst fait de dégâts (mais dépassez le 100% et c'est la surcharge, la rendant indisponible pour le tour suivant). Cette attaque peut être utilisée comme une simple attaque surpuissante (vos trois démons sont alors privés d'un tour pour charger le Burst, seuls Hayato et Lua peuvent agir), ou alors pour capturer les démons dont vous ne disposez pas encore. Éliminez un démon qui n'est pas dans votre tablette (oui, oui) avec l'Astral Burst et il sera à vous (après purification).
XP et KarmaEVILve ou la clé de l'évolution
L'autre grande mécanique du jeu est son double système d'évolution. Hayato et Lua évoluent de façon classique, en accumulant de l'XP lors des combats et en passant des niveaux avec (et en obtenant cinq points à distribuer à chaque passage de niveau). Les démons et autres créatures, en revanche, ne gagnent pas d'XP. C'est à vous de les faire évoluer manuellement via le menu du jeu en leur offrant des points de Karma. Ce Karma, qui peut être bon, neutre, ou mauvais, peut se gagner en combat (sa nature dépend alors des ennemis vaincus) ou par certaines décisions que vous devez prendre (la nature dépend cette fois de la réponse). Si chaque personnage peut utiliser les trois types de Karma, il va sans dire que celui qui correspond à sa nature permet de le faire évoluer plus vite. Une fois le niveau max atteint, il lui est possible d'évoluer (2 fois) pour passer à un autre stade, gagner en grade dans sa classe, et repousser la limite de niveau.
Le Chodenji va vite devenir votre nouvelle maison, mais veillez bien à avoir les objets demandés pour l'évolution en plus de l'argent. La purification, quant à elle, est ce qui permet d'utiliser une créature dans son groupe. Il suffit de donner un peu de Karma, et c'est fait. Du moins, la plupart du temps, il existe des exceptoins qui ont besoin d'un objet précis...
Au-delà de ça, on retrouve les choses habituelles : synthèse d'équipement, la boutique et ses offres exclusives à côté du stock, les bains pour s'offrir de sympathiques bonus au combat...
Si The Lost Child n'est pas un grand jeu et veut clairement aller jouer dans la cour de Shin Megami Tensei sans en avoir la même qualité, il n'en demeure pas moins un RPG assez sympathique sur lequel on enchaîne les heures sans trop voirle temps passer. On regrettera toutefois des textures et modèles de personnages répétés en boucle, en plus de l'utulisation ratée de l'univers de Lovecraft, ainsi qu'un personnage principal qui semble fort bien accepter son nouveau rôle et tout ce qu'il lui arrive (pas une fois il n'exprimera de la surprise devant tout ce qu'il se passe dans le jeu...).
Un investissement qu'on ne regrette pas, donc.
The Lost Child est clairement du sous-Shin Megami Tensei qui n'a RIEN compris à l'univers de Lovecraft. Ceci étant dit, retrouver l'univers de El Shaddai est un petit plaisir, et l'ensemble forme un RPG fort sympathique qui fonctionne bien et se permet d'être légèrement subversif dans ses thèmes et idées entourant la religion chrétienne. Pas indispensable, mais qui veut s'y tenter y trouvera de quoi bien s'amuser.
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