Loin de ce qu'il nous vend, Castle of Heart : Retold est un jeu qui a 30 ans de retard tant il vient nous rappeler les platformers 90s de la Super NES, à l'exception de ses graphismes. Les vieux gamers pourraient apprécier ce style avant de se dire que ressortir Donkey Kong Country serait bien meilleur, les autres pourraient en revanche se sentir floués par les vidéos qui promettaient tout autre chose. Au bout du compte, on a un jeu assez moyen, voire médiocre qui n'occupera guère plus de 5 heures, un peu plus pour qui veut le 100%.
Les plus
Les moins
7 ans après avoir sorti Castle of Heart apparemment uniquement sur Switch et avoir reçu un accueil plutôt glacial, 7Levels a toujours foi en son projet et remet ça avec une version Retold disponible cette fois sur toutes les plates-formes. Mais est-ce un bon jeu ?
Chevalier maudit et mythologie slave
Castle of Heart nous plonge en pleine mythologie slave, où un sorcier serviteur du dieu Chernobog veut plonger le monde dans le chaos et enlève la dernière prêtresse capable de l'arrêter sous vos yeux. Pas de bol pour lui, c'est votre copine, et il vous maudit en vous transformant en pierre pour avoir tenté de le stopper. Heureusement pour vous, les larmes de votre bien-aimée et son talisman ont atteint votre cœur pour vous permettre de retrouver un minimum vos moyens et partir en quête pour éliminer le sorcier.
Et l'histoire s'arrête là. Ne cherchez pas le moindre twist, la moindre profondeur, ou même l'utilité d'intégrer de la mythologie slave (à part que les développeurs sont polonais), ce sera vraiment juste "Moi preux chevalier sauver la fragile femme que j'aime du sorcier vilain pas beau tout méchant", un retour aux grandes heures (ou pas) de l'écriture des années 80 et 90, avec des personnages fonctions bien unidimensionnels et sans intérêt au-delà de servir ce scénario sur 2 lignes.
Mais allez, une histoire simple peut toujours être efficace, surtout pour un gros jeu d'action ou un Metroidvania. Sauf que non. Mais on y reviendra.
Soulignons d'abord l'aspect technique : c'est plutôt beau pour un jeu d'une petite équipe qui veut un style réaliste. C'est fin, les environnements sont beaux et détaillés, on est plutôt au point visuellement et ça tourne parfaitement bien, sans lag ou autres problèmes.
Côté musique et son, en revanche, c'est l'austérité digne de l'Allemagne, avec une quasi inexistence et de la simplicité qui confine à l'envie de ne même pas essayer. N'espérez d'ailleurs aucun doublage, encore que ce ne soit pas bien grave.
Mais si ce n'était que ça, Castle of Heart pourrait être un jeu assez correct. Le vrai problème du jeu est qu'il cache sa vraie nature à travers son marketing.
Graphiquement, c'est assez soigné
Hardcore ou juste mal designé ?
Si vous avez regardé les vidéos de présentation ou avez écouté les développeurs promettre une expérience hardcore de dark fantasy, presque un Dark Souls en 2D (une notion qui existe à travers d'autres jeux, au passage), si vous vous attendez à ça ou un Metroidvania...
Hé bien, passez votre chemin immédiatement !
Il n'y pas que l'écriture qui date des années 80 ou 90, le gameplay aussi : Castle of Heart est un platformer qu'on croirait sortir tout droit de la Super NES, un genre de copie de Donkey Kong Country à la sauce dark fantasy et qui accuse des décennies de retard sur le jeu vidéo moderne avec ses 20 niveaux vides et redondants qui recyclent sans arrêt les mêmes ennemis en boucle avec une apparence différente.
Le jeu vous demandera juste d'avancer en tapant sur tout ce qui bouge sans vous poser de questions, sans rien chercher à faire d'autre parce qu'il n'y a rien d'autre à faire (allez, si, vous pouvez récupérer 4 cristaux par niveau pour augmenter votre santé maximale, mais c'est tout), et où la parade est limite un élément décoratif.
Le principe est simple : avancer, taper, utiliser l'attaque spéciale de temps en temps, puis recommencer jusqu'à traverser le niveau, avec le boss qui se cache au dernier de chaque zone et sera le seul moment où vous serez un peu réveillés devant le jeu parce que étudier le pattern sera un minimum nécessaire.
Au-delà de ça, le jeu propose suffisamment de façons de se régénérer que traverser chaque niveau est une promenade de santé côté combat et que les phases de plate-forme seront presque les plus pénibles...
Ceci est dû à l'une des bases du gameplay : étant encore maudit malgré votre réveil, la perte de vie est permanente, et vous devez donc remplir votre jauge de santé régulièrement. Si elle tombe à 0, vous perdez votre bras droit, ce qui vous empêche d'utiliser une arme secondaire (vous pouvez ramasser n'importe quelle arme au sol, et ça ne change pas grand chose...) et débloque une seconde jauge de santé avec l'icône de votre cœur : vous mourez si cette seconde jauge tombe à 0.
C'est à peu près le seul élément intéressant de gameplay, le reste se résumant donc à taper jusqu'à traverser les niveaux, avec des ennemis qui sont toujours les mêmes, seul le modèle visuel change.
Et si le jeu peut être difficile, ce n'est certainement pas à cause d'eux, mais plutôt d'un level design bien foiré. Castle of Heart n'est pas hardcore, il peut en revanche être profondément injuste voire sadique.
Quand on fait une longue glissade pour se retrouver dans un piège de piques après le saut à la fin, ce n'est pas du hardcore, c'est du level design mal foutu.
Là, ça sent mauvais...
Des années de retard
N'ayant pas joué au jeu original, je serais bien en peine de dire précisément ce qui change dans ce Remaster, mais il est évident que l'on a ici un jeu au mieux moyen, au pire totalement médiocre.
Si les phases de plate-forme sont relativement sympathiques et qu'on s'y engage en sachant exactement ce qu'on va avoir et non ce qui est vendu, on peut s'amuser quelques heures, mais on passera vite à autre chose tellement le jeu a 3 décennies de retard...
Quelques combats de boss pour se réveiller un peu