Note du test 7.5/10En conclusion :

Un jeu de niche, encore un. Un style qui prolifère avec bonheur sur nos PS4 et qui rejoint avec cohérence le catalogue de Devolver, éditeur avide d’expériences à part. Porté par l’amour de ses concepteurs, Observation échoue d’une poussière de galaxie au titre d’incontournable alors qu’il est orné d’atouts attrayants et de réussites incontestables. Si quelques situations nous renvoient à une époque où il était fréquent de tourner en rond jusqu’à la lassitude, Observation manie le recovery avec le talent nécessaire pour nous fournir un ensemble très prenant et loin d’être indigne des cadors de la SF, générateurs de thèmes similaires. Proposant une ambiance travaillée, chaque chose est minutieusement calculée pour qu’aucun effet ne soit en berne ou raté. Un gros travail de production assurément où chaque décision des créateurs est le fruit d’une réflexion intense destinée à faire réagir les gamers que nous sommes. La dernière fois que nous avions vu cela dans la galaxie, c’était lors de l’avènement de Dead Space. La preuve que les Ecossais de No Code tiennent incontestablement une planète recouverte de bonnes intentions, qui ne demande plus qu’à être explorée totalement lors d’une prochaine expédition. Nous avons hâte.

Les plus

Un point de vue différent
Une ambiance extraordinaire
Musicalement impeccable
Narration et scénario réussis
L’utilisation du contraste

Les moins

Maniabilité parfois lourde
Quelques énigmes en deçà
Parfois trop prudent dans son concept

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Observation
    Editeur : Devolver Digital
    Genre : Action | Aventure
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 21 Mai 2019
    Trophées : Oui
    Prix de lancement : 24,99 €
    Support


    version éditeur

    Test Observation

    Publié le Mercredi 05 Juin 2019 à 08:46 par NoBloodyKnows
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    Cela semble peut-être un peu facile, répétitif et goguenard: la répétition est pourtant essentielle. Et quitte à enfoncer des portes ouvertes, il est ô combien vital de rappeler le paradoxe du Cosmos, fournisseur de huis clos infinis. Citer 2001: l’Odyssée de l’Espace est ainsi une obligation tellement le rôle d’un réalisateur est indispensable pour imposer sa vision au milieu d’un théâtre commun et pourtant si inconnu et fascinant. L’aventure en devient redoutable, au milieu des ombres et lumières qui se répondent dans une fixation trompeuse. Au-delà de son environnement qui devient lui-même un personnage, beaucoup d’oeuvres nous ont livré des protagonistes devenus mémorables. De Chris Kelvin à Joseph Cooper, chacun a construit sa Légende autour de son propre scaphandre. Un background fait de souvenirs lointains et dont l’aspect méditatif voire rédempteur prend une toute autre tournure. Filer vers les étoiles, c’est réfléchir sur sa condition. On pourrait également insister sur le sens de la solitude là-haut: ce serait partiellement inexact. Nos cosmonautes sont bien confrontés à eux-mêmes mais il ne sont pas seuls. Sans évoquer un éventuel équipage ou encore le centre de commandement des missions (le fameux “Houston”, en référence à la base de la ville), et même si les individus hors-champ nécessiteraient un développement entier, le rôle essentiel des robots ou des Intelligences Artificielles est capital. Sortes de compagnons d’infortune, ils servent de réflexion de base sur le sens de l’humanité et des relations qui nous unissent. Des sujets imposants qui ne sauraient être pris à la légère. Annoncé il y a peu au show State of Play de Sony, les trailers ont su nous engloutir pour nous rendre curieux et désireux de découvrir l'objet. Produit par le truculent éditeur Devolver, dont le tableau de chasse est aussi honorable que barré, et couvé par les développeurs de No Code, responsables du nébuleux Stories Untold, Observation a beaucoup à nous offrir.

     

    Ode d’ici


    Reste à ne pas se louper à l’atterrissage...

    Une station perdue, du personnel à retrouver, une héroïne en solitaire. Bien sûr, personne ne sait pourquoi nous en sommes là.
    Arrêtons-nous dès cet instant, et validons les présentations: elle, c’est Emma, l’astronaute au 1er rôle. Vous êtes SAM, l’IA du vaisseau, ayant perdu la majorité de ses fonctions. Archives, plans...tout est à redécouvrir. Une amnésie informatique bien amenée sans que le thème réinvente l’anneau.

    Évacuons tout doute dès à présent: oui le schéma narratif est pertinent et distille correctement ses inspirations en esquivant l’écueil du trop-plein de chantilly référencée dégoulinante et écoeurante. On y retrouve en vrac Alien, Moon, Interstellar, Solaris (dans sa version remake) et bien d’autres, sans que cela ne soit indigeste. Au pire, le jeu vous incitera à découvrir les masterpieces dont il se fait le représentant mais ce ne sera que pour mieux servir son propos au sein d’un scénario intelligent à la mise en scène volontairement épurée, constituée d’enchaînements de gros plans et panoramas plus larges, toujours à travers les mirettes de SAM. Quelques rares cinématiques et surtout beaucoup de dialogues et de fichiers à découvrir pour rassembler les pièces d’un puzzle aux rebondissements efficaces et au final très réussi à notre sens, en dépit d’un goût prononcé pour l’interprétation.

    Observation vous donne ainsi sa vision de “l’horreur dans l’espace” sans avoir recours à des monstres inquiétants. Nous nous sentons confinés, asphyxiés par une étroitesse des nombreux lieux à parcourir. Oui, les salles sont variées et très petites, visibles sous plusieurs angles en appréciant l’apesanteur qui y règne. Les ficelles du genre sont bien exploitées et cela suffit amplement à donner un côté “thriller de l’espace” afin de résoudre les mystères qui vous entourent.

    L’introduction en ce sens donnera le ton, avec une variation de son déroulement conclue par un générique au style incomparable, marque de fabrique des publications “made in Devolver”. Nous n’en attendions pas moins. Notre seul regret réside finalement dans l’évolution de SAM, tant son incipit est prometteur. Ce n’est pas mauvais, loin de là, mais Gerty et HAL sont passés par là, tout simplement.

    D’un point de vue technique, personne ne se retrouvera vraiment bluffé. Toutefois il serait malhonnête de vous signifier que le jeu est vilain et encore une fois la direction artistique assure son rang en apposant sa touche personnelle, suffisamment inspirée pour ajuster et réussir ses contrastes, qu’ils soient visuels ou auditifs.

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    She's like a woman...and me?

    Space Auditif


    Indéniablement l’autre grand artisan de la sympathie éprouvée pour le titre: le son. Le mix entre bruitages et OST contribue à l’ambiance tout comme le doublage soigné et dans le ton. Jamais trop calme ou excessivement nerveux, ce dernier s’apprécie par ses nuances et son refus du superflu, des éléments en adéquation avec les choix de réalisation.

    Les effets sonores sont tout aussi pertinents et cohérents. Parfois étouffés, parfois distants, le tout est calibré pour que chaque scène ne tombe pas à plat en raison d’ondes à côté du cockpit. On sera surpris de la justesse déployée lorsque nous serons tantôt inquiets, tantôt apaisés et globalement captivés.

    Dans ses moments d’accalmie, Observation sait maintenir son ambiance par une utilisation judicieuse du silence qui peut vite se montrer angoissant. Sortir de la station a ainsi une fonction qui sait nous rappeler que malgré sa magnificence, l’Univers sait parfois se montrer vide et sans pitié. Comme nous le disions, il en devient un acteur perturbant, froid assassin qui n’a pas besoin de venir vous chercher car c’est vous qui serez fatalement attirés.

    Et que dire de la composition des musiques? Que dire? Un point sur lequel nous sommes éternellement intransigeants reste l’OST et c’est une franche réussite. Bien qu’elle ne corresponde pas à ce à quoi nous nous attendions, elle colle à ce qu’il se passe, sur et en dehors de l’écran, nous rappelant qu’avant notre venue s’est déroulée une histoire dont notre aventure découle directement. Moins symphonique qu’une piste telle que S.T.A.Y de Hans Zimmer, la partition se révèle identitaire, se rapprochant parfois du travail de Cliff Martinez. La folie en plus.

    Une immense succès à ne pas négliger.

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    Surprenant...même pour l'IA que je suis!

    All my love in space


    Trêve de digression et bien qu’il soit essentiel de resituer Observation au centre du cercle auquel il appartient, nul besoin de trop en dire car le jeu est ce qu’on appelle avec un brin de facilité “une expérience”. Et cela se ressent dans le gameplay.
    Cela ne vous a sans doute pas échappé: le jeu est en vue subjective et il s’agira pour vous de résoudre chaque situation rencontrée en dénichant ce qui pourrait être la résolution au travers des différents tableaux. Sorte de Point’n Click dynamique, où certaines actions semblables à des QTE vous demanderont un minimum de réflexes pour ne pas échouer.

    Il s’agira aussi de faire fonctionner votre matière grise pour évaluer chaque requête et y répondre, par le biais de vos analyses. Savoir s’orienter dans le paquebot volant sera très important et bien que la carte semble rédhibitoire, elle s’avère au final simple d’accès. Vous y passez du temps mais l’apparent gigantisme est bien dosé. D’ailleurs, il ne vous sera pas utile de tout passer au peigne fin si vous suivez uniquement la trame. Les documents annexes et autres trouvailles épaississent le lore; cependant rien n’est totalement indispensable.

    Alors comment faire fonctionner ces éléments sans tomber dans le voyeurisme?
    Le jeu apporte la réponse dans son titre: Observation. Concrètement, vous serez amenés à fouiner selon 2 modes: ou la pièce en question dispose de caméras où vous serez transférés, qu’on nommera pour l’occasion “le mode fixe”, ou vous pourrez vous déplacer librement à travers des sphères. On ne saura que trop vous conseiller d’utiliser les gâchettes à bon escient pour être rapidement capable de se mettre à l’endroit, soit dit en passant…
    Vous devrez parfois user de l’alternance entre ces 2 modes afin d’ouvrir les écoutilles pour Emma, pirater des systèmes d’exploitation ou encore...non, vous le découvrirez par vous-mêmes!

    Et dès le début, il faut bien reconnaître que la mayonnaise prend bien, jusqu’à tourner légèrement à de rares instants. Si l’idée de choisir son angle pour résoudre l’énigme nous semble judicieuse et que certaines phases ajoutent du peps, certains objectifs parfois mal amenés et obscurs ont tendance à casser la fluidité du récit en nous laissant pantois. On ne bute pas vraiment, on se demande juste ce qu’on doit faire et surtout où chercher dans le compartiment pour avancer.

    Nous serons tout aussi peu dithyrambiques sur le mode libre qui s’avère prenant mais qui opère le choix d’installer une perturbation des repères lors d’une collision. Il est vrai que cela donne un côté crédible mais la lourdeur de la gravité et le confinement des locaux aggravent les probabilités. Rien de bien méchant pour la progression car tout se rattrape mais un poil irritant lorsque nous cherchons (un peu…) en tâtonnant (vivement!).

    Pas de quoi mettre le feu aux réacteurs, juste de quoi sortir du trip quelques instants en raison de ces interférences.

    Alors que celui-ci est si intense…

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    Welcome to this "World"...

    Final Space


    Que ce relevé ne soit pas amplifié: Observation reste plaisant et propose une vision relativement hardie. Appelant parfois à notre mémoire visuelle ou auditive, parfois à notre logique, le titre se pare également de dialogues interactifs avec Emma où il est essentiel d’analyser ce qui nous entoure pour ne pas lui fournir des réponses peu pertinentes.

    Nous relativisons aussi l’adoption d’un système de limite de l’accélération en mode libre, avec un cooldown bref mais désagréable rendant certaines phases extérieures fastidieuses, en inadéquation avec leur habillage sublime à cause d’une lenteur assez contraignante.

    Si l’on pourrait également fustiger un intérêt parfois un peu superficiel de jouer l’IA, ce serait un tantinet médisant et malvenu tant l’incarnation de l’insensible donne un oeil neuf sur une épopée dont nous ne sommes qu’un des membres physiquement projetable. Apporter son concours pour que le personnage principal puisse mener à bien son enquête a quelque chose d’unique.

    De plus, il convient de préciser que le soft fait preuve d’imagination pour ne pas reprendre avec fainéantise des situations vécues dans d’autres reproductions vidéoludiques. Alors oui cela peut sembler surabondant mais le mérite est présent: proposer autre chose.
    Et c’est en cela qu’un questionnement nous taraude: les prises de vue, l’alternance large/proche, la typologie du jeu...tout cela n’aurait-il pas été plus pertinent par le biais de l’utilisation de la VR? Certes cela réduit la cible du public mais l’implication, peut-être, aurait été multipliée et la pénétration dans la diégèse renforcée. Cela n’est que supputation; néanmoins on sent que l’objet non identifié qui nous est parvenu peut encore aller plus loin dans son concept pour mieux le faire briller au milieu des ténèbres.

    Quoi qu’il en soit, Observation parvient à nous garder auprès de lui durant les petites heures qu’il a à nous offrir. Cela est factuel: le jeu est assez court et constitue un “one-shot” sur lequel nous reviendrons dans quelques temps, lorsque nos souvenirs se seront estompés, pour être à nouveau effrayés par l’intensité de notre périple.

    Imparfait certes. Mais puissant.

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    L'enfermement de l'immensité.

     

     

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    Test Observation - 8 minutes de lecture