Note du test 8/10En conclusion :

Faire des ajouts pour enrichir l’expérience est une bonne chose. Les réussir pour l’embellir en est une autre et il est vrai que le studio White Rabbit essaie de se donner les moyens, avec succès la plupart du temps. Certains défauts sont regrettables mais une fois ces derniers digérés, c’est une aventure marquante à bien des égards qui s’offre à vous. Adossé de la lourde étiquette “Souls-like en 2D”, Death’s Gambit s’en sort avec justesse, proposant un jeu si familier et si unique à la fois. Il ne manque qu’une légère couche de polissage et le soft aurait été un hit absolu. Il n’en demeure pas moins un titre totalement recommandable, qui demande un temps d’adaptation tout en composant avec ce qui fonctionne un peu moins. Vous y trouverez tant de merveilles...

Les plus

La direction artistique globale
La narration
Des situations parfaitement amenées
Dur mais pas injuste
Les boss

Les moins

Quelques animations toutes pétées
Menus foireux
Peut rebuter néophytes et puristes

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    rédacteur
    NoBloodyKnows


  • ps4

    Death's Gambit
    Editeur : Adult Swim
    Genre : Action | RPG
    Etat du jeu : Jeu disponible
    Date de sortie : 14 Août 2018
    Trophées : Oui
    Prix de lancement : 19,99€
    Support


    version éditeur

    Test Death's Gambit

    Publié le Mercredi 03 Juillet 2019 à 09:23 par NoBloodyKnows
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    Une fois n’est pas coutume, commençons par enfoncer une porte ouverte: en 2009 (histoire de se dire qu’on prend 10 ans dans les dents!), Demon’s Souls enflammait les terres du Japon avant de ravager l’Occident. Une formule affinée par la trilogie des Dark Souls et ses frères, devenant un point de référence. Une contrainte pour le reste de la production, condamnée de se voir comparée à ces oeuvres, affublant chaque titre subissant l’analogie du qualificatif “like”. Une certaine pertinence se dégage, en spécifiant les particularités d’une série de A-RPG pas comme les autres. Cependant, cela dessert certaines approches. Et finalement, Death’s Gambit s’éloigne de ces poncifs, tout en retirant l’essence de la formule. Une approche en 2D, des mécaniques semblables aux nouveaux codes de cette dernière décennie: conçu par les développeurs de White Rabbit sous la houlette de l’éditeur Adult Swim le jeu, lors de sa sortie initiale en 2018, proposait un ensemble d’idées emballantes parfois plombées par des animations qui entâchaient le gameplay. Par volonté d’améliorer l’expérience, choix fut fait de patcher le produit et de sortir une sacro-sainte “version boîte”. Nous nous retrouvons face à une version améliorée, proche du concept “director’s cut” en raison de ses ajouts divers. L’heure est donc au bilan.

     

    Gambit d’amarrage


    Autant présenter les fondations: si vous pensiez trouver un “Dark Souls” bidimensionnel pur (et dur!), autant vous tourner vers l’excellent Salt and Sanctuary qui adapte parfaitement les codes 3D en 2D. Compensant l’absence de profondeur, les patterns des adversaires y sont parfaitement retranscrits.

    Un bon point qu’on retrouve aussi dans Death’s Gambit: chaque mob ayant son comportement, sans parler des boss qui vous donneront du fil à retordre et nécessiteront un apprentissage, en vous envoyant mordre la poussière à de multiples occasions (nous y reviendrons).

    Sauf que dans le jeu, l’aspect metroidvania/action est tout autant essentiel, avec des passages qui vous seront interdits puis explorables bien plus tard. “Comme dans Darks Souls alors!” nous direz-vous. Oui et non... on se contentera juste de dire que la pratique est loin d’être exclusive à ce genre nouveau. Anecdotique dit comme cela, mais il est important parfois de replacer le clocher au centre du village.

    La vraie différence est que le soft n’hésite pas à modifier la recette de sa propre initiative.
    Alors d’accord, Death’s Gambit se comporte parfois en bon élève studieux en persévérant dans la voie de la mort, qui ne représente pas un game over mais une marque d’apprentissage incomplet. A la différence que cette fois-ci, vous ne perdrez pas votre expérience emmagasinée mais une de vos précieuses plumes, objets de soin équivalents aux potions d’Estus. Il sera alors possible de les récupérer sur le lieu de votre défaite, ou il sera obligatoire de payer un (lourd) tribut pour combler la perte et récupérer la possibilité de se refaire une santé, action à l’utilisation limitée en nombre qui nécessite certaines trouvailles pour augmenter les possibilités de se guérir.

    Un choix payant qui s’avère tout aussi stressant que son modèle en se différenciant de manière habile. Qui plus est, le joueur reste libre dans sa méthode. Il sera ainsi possible d’augmenter l’efficacité de vos précieuses plumes, en limitant la quantité d’emploi.

    Le système vole de ses propres ailes sans toutefois éviter à quelques occasions le “déjà-vu”, la vouivre de départ nous exposant cet écueil un peu fâcheux. Pas suffisamment en tout cas pour crier au scandale en raison de sa rareté.

    Un bel avantage.

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    Laissez nous vouivre!

    On rit, Death!


    En plus de trouver une explication du trépas, certaines cut-scenes ne se déclenchant qu’après avoir été mis KO plusieurs fois, celui-ci se pare d’un personnage vraiment inspiré, au design imposant et au voice acting de toute beauté. Et cela est similaire pour l’ensemble du casting, parfaitement doublé et majestueux. Une mention spéciale sera accordée à Zuma, le plus inspiré de la galerie à notre sens.

    Enfin tous excepté...Sorun, l’avatar que vous contrôlerez. Le visage vert, puisque la représentation de l’état de “mort qui revient” fut choisie comme telle, l’air hagard et aux répliques non doublées...difficile parfois d’éprouver de l’empathie pour ce dernier. Heureusement la narration rattrape le tout et si le jeu reste parfois cryptique, nous sentons bien l’effort de raconter une histoire qui souhaite être abordable et pertinente.

    Un défi relevé avec brio car Death’s Gambit essaie de ne pas être inutilement verbeux. Dommage que quelques coquilles se glissent dans la traduction, avec tout simplement certains passages encore retranscrits en anglais. Pas de vrai drame, mais cela fait toujours un peu tâche lorsque le produit ressort, mettant en doute le travail de finition. Cela reste peu gênant dans l’ensemble. Cependant, faire l’impasse dessus aurait été un manque d’honnêteté accablant.

    D’autant plus qu’une OST sublime accompagne nos pérégrinations. D’une aisance hors norme, celle-ci colle toujours parfaitement à la situation, magnifiant certaines séquences. On ne pourra pas s’empêcher de penser aux compositions de Motoi Sakuraba durant les affrontements contre les boss, mais la comparaison s’arrête là.

    Enfin, et chaque plan est assez éloquent, le titre possède un visuel qui exploite parfaitement “l’art du pixel”, nous offrant des tableaux incroyables, soutenus par des arrière-plans tantôt sordides, tantôt enchanteurs, toujours justes pour renforcer l’ambiance très marquée.

    Il ne reste plus qu’un gameplay millimétré pour que l’idylle soit de mise. Et si certains aspects sont vraiment réussis, il arrive malheureusement que parfois le bât blesse.
     

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    Hibou campe!

    Gambit sieur!


    Aucun doute n’est permis: les développeurs débordent d’imagination et d’envie de bien faire. Histoire probablement de se démarquer de la concurrence, une sacrée bonne démarche en soi. Choisissez d’entrée de jeu votre classe mais attention: ici, il s’agit d’un point crucial dès le début. Certes, nous resterons dans le schéma où il vous faudra répartir vos âmes durement gagnées dans des points de statistiques relativement classiques comme votre vitalité, force ou barre d’endurance. Rien de bien neuf pour les vétérans, déjà avertis qu’il est absolument absurde de s’éparpiller et qu’il vaut mieux se concentrer sur quelques qualités pour être efficace plutôt que de créer un personnage se voulant complet et finalement moyen en tout.

    Là où Death’s Gambit franchit un seuil, c’est qu’emprunter une voie d’une classe précise équivaut à modifier la manière de régénérer sa barre de capacité, indispensable pour déclencher des coups spéciaux, soumis à la loi du cooldown, pouvant changer le cours des affrontements. Ainsi, la sentinelle usera de la parade et le soldat abusera de la défense tandis que le heal du magicien lui permettra d’envoyer des attaques bien senties.

    La rejouabilité est ainsi de la partie, associée à une diversité bienvenue dans ce type de production, d’autant plus que le mode NG+ progressif est bel et bien présent. Impossible de passer sous silence une magie un brin cheatée, ce qui nous rappelle sa puissance dans le premier Dark Souls notamment, mais le gameplay équilibré de cette classe est l’un des plus intéressants.

    Car malgré des sensations en hausse depuis la version vanilla, certaines erreurs ne passent pas toujours. Même si les animations ont pris un coup de fouet, certaines restent un peu cheap, comme ce coup de pied visuellement manqué. Les bêtes majestueuses du second décor du prologue seront également un indice et certaines transitions entre 2 mouvements ne sont exempts de tout reproche.

    Quelques hitboxes nous font des blagues et quelques manques d’impacts se font sentir. Le pire reste ce choix de faire avancer le personnages lorsqu’il frappe: on s’y habitue à la longue, mais au prix de combien de coups dans le vent ou de chutes évitables?

    Pas rédhibitoire, car on passe vraiment un bon moment, c’est juste qu’une précision d’orfèvre, essentielle lorsque la difficulté est accrue.

    Nous ne vous l’avons pas encore dit tellement cela suinte l’évidence: Death’s Gambit est difficile et votre mémoire sera mise à l’épreuve dans une volonté de vous faire progresser par l’échec.

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    Phoenix for your fight!

    Death, ire, laisse


    Manier vos attaques au càc ou à distance, placer la bonne roulade au bon moment, parer, vous protéger...tous les classiques sont réunis avec quelques nuances notables, comme ce coup sauté qui nous rappelle les plus beaux jours de la 2D. En mélangeant pièges et un zeste de plateforme, Death’s Gambit honore le contrat.

    On tranche pour prendre des âmes, habituées à servir de monnaie d’échange que ce soit pour le level-up, le matériel ou les capacités à acheter auprès des boss vaincus ou des PNJ.
    Idem pour l’équipement: en dépit d’un menu anarchique et assez mal conçu, celui-ci fait son office pour accentuer la spécialisation que vous aurez choisie. A vous de jeter un regard régulier sur votre attirail pour ne rien louper. Pensez également, via l’ensorcellement, à upgrader ce que vous portez en usant de dépeçage de ce qui vous est inutile. Cela n’est pas splendide mais c’est diablement efficace.

    Nous pourrons râler contre le flagrant manque d’armes. Ce reproche serait paradoxal, voire injuste: nous disions que le jeu propose à boire et à manger, au risque de temps à autre de se disperser. Les coups sont diversifiés, et au moins l’escroquerie des différents skins d’une même faux nous est épargné. De plus, considérons que les outils de combat sont en deçà pour le genre. En est-il vraiment de la sorte si on considère le titre comme un metroidvania?

    Se faire casser des charges, le faire également (même s’il arrive que cela foire ou que ce ne soit tout simplement pas prévu!) et se confronter à tout type de créatures...dont les boss! Ceux-ci sont particulièrement réussis, coriaces et pour la plupart suffisamment bien mis en scène. Nous retrouvons également pendant quelques instants le concept du puzzle-boss et croyez le bien: cela en jette un max! C’est en ce sens qu’à force de ramasser des taquets, nous pouvons parfois penser approcher la conclusion du jeu. Jusqu’à réaliser que nous en avons juste passé la moitié!

    Pas spécialement néanmoins: le jeu se targue de niveaux un peu petits, tous reliés d’une manière ou d’une autre et facilement atteignables par divers moyens, dont le cheval de départ. En outre, ce “déficit” de taille peut donner une sensation de trop-plein d’affrontements de boss, surtout en début de run. Ceux-ci sont toutefois si bien pensés, et chaque échec vous laissera une récompense à la hauteur de vos performances pour éviter le farm désobligeant et monotone. Astucieux.

    Pour les guerriers, il y aura une revanche, traduite par un affrontement “héroïque” possible après une première victoire. Mais autant vous prévenir: vous allez ramasser. Teintés d’une puissance nouvelle, vos adversaires vous laisseront un répit encore moindre. Intéressant...mais usant!

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    You can fight...for your right!!!

     

    Gambit Them Up


    Des raccourcis à débloquer, de l’exploration salvatrice: oui clairement, il y a de quoi être repus. Que ce soit pour obtenir des bonus contre certains ennemis de fin de niveau (les fameux “Tomes”) ou encore pour découvrir du bazar qui pourrait nous servir, Death’s Gambit donne une sensation d’une lenteur maîtrisée qui constitue le fil rouge de l’aventure.

    Sans trop vouloir en faire, ni la jouer trop hardcore. Le jeu n’est pas forcément, style oblige, à mettre entre toutes les mains mais qui voudra relever le challenge se retrouvera avec toutes les clés. Pas d’obscurantisme, Death’s Gambit se veut clair afin de vous laisser profiter des trouvailles de ses concepteurs.

    De plus, si vous zappez certaines fonctions, le personnage de la Mort saura vous le rappeler en cas de rouste. Lorsque nous avions oublié d’activer certains talents, des bonus de boost ou passifs la plupart du temps et disponibles via un arbre simple à appréhender, nous avons su encaisser le petit tacle verbal suite à plusieurs tentatives infructueuses.

    N’hésitant pas à activer le code du 4ème mur, sans nous en éclabousser, la production est capable de faire émerger un peu d’humour au milieu de toute cette désolation. Les scènes de l’antre de Gino sont aussi barrées que fendardes, et on s’intègre avec plaisir dans cet univers singulier, drôle et dérangeant à la fois.

    Un jet imparfait mais dont l’amour porté se ressent. Si le cœur vous en dit…

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    Scan The Fields!

     

     




    Test Death's Gambit - 9 minutes de lecture